Entre le décret de 95, la loi sur l’orientation de 1998, les arrêtés de 2018 et 2020, le scandale n’est jamais loin.
Par Nadine Ndjomo
Le souvenir du « scandale » au baccalauréat 2021 est encore dans les mémoires des Camerounais. Surtout que d’ici cinq mois, ils seront nombreux à passer cet examen, qui ouvre la porte à l’enseignement supérieur. Le problème est qu’à date, « on n’a pas encore tiré les leçons de la cacophonie qu’il y a eu lors de la dernière session »,regrettent certaines sources au ministère des Enseignements secondaires. Et pour le faire, poursuivent-elles, il faut s’en tenir aux textes. Sur ce qui doit être. Sauf que, le décret s’adossant, sur l’organisation des baccalauréats de l’enseignement secondaire au Cameroun, date de 27 ans. Car, signé et publié le 24 février 1995, par Paul Biya, président de la République du Cameroun.
Devenu caduque, ce décret et certains articles qui y figurent, sont désormais contraires, avec l’organisation et le fonctionnement actuel des baccalauréats de l’enseignement secondaire. Tenez, dans le chapitre 2, article 6, du décret N°95/035 du 24 février 1995, portant organisation des baccalauréats de l’enseignement secondaire, les épreuves du bac, portent sur les programmes officiels des classes de terminales des lycées et collèges. Or, d’après une source au ministère des Enseignements secondaires, «les programmes n’existent pas depuis 2018. C’est d’ailleurs ce qui a débouché à la confusion des épreuves qui ont été soumises aux candidats, lors de la session 2020-2021. Certains candidats ont composé avec les épreuves de l’Apo. Or, c’est l’Apc qui est actuellement en vigueur », explique notre source. Dans l’article 8, du même chapitre, il est dit que l’examen du Bac, comporte les épreuves obligatoires écrites, pratiques et facultatives.
Et pourtant avec «l’Apc, il y a désormais, des épreuves théoriques. Et les épreuves facultatives n’existent plus. Le sport a désormais pour coefficient, deux. Ce qui n’était pas le cas avant »,précise un inspecteur national. Dans le chapitre IV, article 23, alinéa 3, il est mentionné que tout candidat convaincu de fraude pendant ou après le déroulement d’une session donnée est exclu de cet examen et interdit d’y prendre part pour les trois sessions suivantes. Cependant avec les nouvelles règles, « il faut avoir les preuves qu’un candidat a fraudé pour l’expulser. Ce qui est contraire à ce que dit l’alinéa susmentionné », nuance Rostand M., enseignant, habitué des salles de surveillance d’examens officiels.
APC
Il convient tout de même de rappeler que depuis 27 ans, le ministre en charge des Enseignements secondaires a pris certains arrêtés. « Ceux portant organisation le probatoire et le baccalauréat au Cameroun sont respectivement l’arrêté n° 147/20/Minesec du 23 Juin 2020 relatif à la nature et à la définition des épreuves du Probatoire de l’Enseignement secondaire général et l’Arrêté n° 91/21/Minesec du 03 juin 2021 relatif à la nature et à la définition des épreuves du Baccalauréat de l’Enseignement secondaire général. Ces deux textes s’appuient sur l’arrêté n° 227/Minesec /IGE du 23 août 2018 portant redéfinition des séries et des disciplines des classes du second cycle de l’Enseignement secondaire général, appelé document de cadrage, qui lui-même s’appuie à son tour sur la loi d’Orientation de 1998 », lit-on dans une communication spéciale du Minesec qui reconnait qu’ « au cours de la session d’examens 2021, nombre de contradictions ont été mises à jour, causées par l’inadaptation du texte de 2018 portant toujours les germes de l’Approche par objectif (APO) et les dispositions des textes de 2020 et 2021 alimentés par les exigences de l’approche par compétences (APC). Le texte de 2018 ne prévoit pas la série E ; aux probatoires C, D et TI, l’arrêté de 2018 prévoit des enseignements en géographie alors que l’arrêté de 2020 prévoit l’examen final en histoire. Au Baccalauréat, série C, l’histoire est prévue comme enseignement par le texte 2018 et la géographie à l’examen par le texte de 2021. En Art cinématographique, il est prévu d’enseigner Histoire, Géographie et ECM au cours de l’année par le texte de 2018 et de composer à l’examen finale au Baccalauréat et au Probatoire seulement en ECM par les textes de 2020 et 2021. »
Les mêmes contradictions se retrouvent au niveau des horaires et des coefficients. Il fallait procéder à un réajustement. « Les services techniques, notamment l’Inspection générale des Enseignements (IGE) ont apprêté de nouveaux textes dont la disponibilité n’est plus qu’une question d’heures. Mais il faut vite souligner que ce travail ne concerne pas l’OBC », conclut-on au Minesec.
Mais ces réajustements vont-ils intégrer des propositions pour réformer le décret N°95/035 du 24 février 1995, portant organisation des baccalauréats de l’enseignement secondaire, afin d’éviter tout le désordre qu’il y a dans l’organisation du Bac au Cameroun ? On l’espère !