Ce montant peut varier d’une année à une autre, et est tributaire du nombre de candidats inscrits.
Par Nadine Ndjomo
C’est ce 5 août en principe, que devaient se terminer les délibérations du probatoire au Cameroun. Le 4 août, la ministre des Enseignements secondaires, le Pr Nalova Lyonga, s’est rendue à l’office du baccalauréat du Cameroun (OBC) pour prendre la température de cette phase, qui précède la publication des résultats. D’après Etienne Roger Minkoulou, le Directeur de l’OBC, les tendances sont bonnes. Mais cette évaluation, ne refroidit pas les pourfendeurs du probatoire. Pour eux, le probatoire doit être supprimer. « Je connais beaucoup d’élèves qui ont arrêté leurs études en classe de première, parce qu’ils n’ont pas pu obtenir le probatoire. C’est triste. L’Etat devrait penser à tout le monde quand il prend des décisions de cet ordre. Le probatoire nous sert à quoi », argumente naïvement Christian Awana, instituteur dans une école publique de la Lekié.
Or, pour les personnes averties, la question ne se pose plus. Le probatoire a sa place dans le système éducatif camerounais. « Le système éducatif Camerounais a besoin du probatoire. Cet examen est comme notre ADN. Quelque part, il fait de nous, ce que nous sommes. C’est une image. S’il arrivait qu’on le supprime, il y aurait comme un handicap. Pour le moment, il est impossible qu’on le supprime. C’est d’un. De deux, avec le niveau des élèves qui est de plus en plus médiocre, si on supprime le probatoire, on va se retrouver avec des élèves en terminale, qui peinent à écrire une phrase sans coquilles. Des élèves qui ne savent pas s’exprimer. Le probatoire est donc ce tamis indispensable, qui permet de sélectionner l’excellent, du passable, au médiocre. Et enfin, le probatoire permet de faire rentrer l’argent dans les caisses de l’Etat », énumère un inspecteur pédagogique.
L’argent dont parle l’inspecteur pédagogique se chiffre en milliards de FCfa par an. Une partie de ces fonds est envoyée à l’OBC, en passant par le ministère des Enseignements secondaires, via Express Union, Mtn Mobile money ou la Campost. Et l’autre partie, sert à l’achat des timbres, à la prise des photos, et comme frais d’envois dans « certains cas ». Tenez ! Prenons le cas de cette session 2021. L’OBC a enregistré 236.081 candidats pour le probatoire de l’enseignement général et 20.409 inscrits, pour le probatoire de l’enseignement technique.
D’après plusieurs proviseurs de lycées de l’enseignement général et de l’enseignement technique, les frais de dossiers au probatoire varient d’une spécialité à une autre. « Pour le probatoire Science Technologique et Tertiaire (STT), les frais s’élèvent à 16.500 FCfa, soit 13.000 FCfa, destinés à l’OBC et 3.500 FCfa qui représentent les frais pour deux timbres fiscaux qui coûtent 2.000 FCfa, 500 FCfa pour le timbre communal et 1.000 FCfa pour les photos du candidat. Ces timbres sont apposés dans les services du ministère des Finances. Quant au probatoire industriel, les frais d’examen sont élevés à 20.000 FCfa par candidat. Soit 16.500 FCfa pour l’OBC et les 3.500 FCfa », explique Hamdi Kissito, proviseur au lycée technique de Poli. Quant aux frais d’examen du probatoire de l’enseignement général s’élèvent à 13.000 FCfa, soit 9.500 FCfa pour l’OBC, 3.500 FCfa pour les timbres et le reste.
« En multipliant le nombre de candidats au probatoire de l’enseignement général. Cette année , ils sont plus de 200.000 inscrits. En le multipliant par 13000 FCfa, nous sommes à plus de 2 milliards FCfa. En faisant le même exercice pour les candidats de l’enseignement technique toutes filières confondues, On avoisine le demi milliard. Et quand on somme les deux montants, on frôle 3 milliards FCfa, voire plus. Juste pour cette raison, l’Etat du Cameroun ne peut supprimer ce filon qui lui permet de remplir certaines caisses », analyse Augustin Nyemeck, enseignant.