Propos recueillis par Nadine Ndjomo
A quel âge un enfant doit-il commencer l’école ?
Ils seront des centaines de milliers à prendre le chemin de l’école au Cameroun, dans quelques semaines. Parmi ces écoliers, l’on pourra retrouver sans doute certains qui vont faire leurs premiers pas vers l’instruction. On les retrouvera donc dans les crèches ou les petites sections (première année) des écoles maternelles. Mais l’âge requis pour le premier contact avec l’école intervenait à 4 ans au Cameroun et les études durent 2 ans. Ce dispositif législatif semble aujourd’hui dépassé, car ils sont nombreux aujourd’hui, les parents qui envoient leurs « petits bouts d’choux » se confronter avec l’environnement scolaire à l’âge de 2 ans voire 3 ans. Pourquoi ? En raison des occupations des parents et notamment de la mère qui ne lui permettent pas toujours de s’en occuper à plein temps ou alors qu’il faut cultiver le génie chez les enfants jugés précoces. Notons qu’il est interdit d’accepter un enfant dans une école publique avant ses 4ans ; on peut encore accepter à la limite ceux de 3 ans et demi selon sa date de naissance. Mais ceci n’est pas le cas dans les écoles privées qui, elles, acceptent les enfants à la première année scolaire à partir de 2 ans car c’est à cet âge selon le psychologue du développement Piaget en considérant ses stades de développement notamment celui du stade préopératoire que l’enfant acquière le langage. Donc à cet âge, l’enfant possède un langage canonique et ce n’est que vers 4 ans qu’il sera amené à parler un langage véritablement compréhensible. Ceci concerne les enfants dont les parents sont nantis financièrement. L’école est un lieu de socialisation qui est le prolongement logique des pratiques acquises au sein de la famille grâce à l’éducation de base. A 2 ans l’enfant a-t-il vraiment déjà assimilé quelque chose au sein de sa famille ? Difficile de répondre par l’affirmative. Voilà pourquoi il est recommandé d’envoyer l’enfant à l’école dès l’âge requis c’est-à-dire 4 ans. Mais c’est vrai n’oublions pas les surdoués car chez nos enfants le processus d’évolution n’est pas le même.
Comment doit-on accueillir un enfant qui va pour la première fois à l’école pour qu’il se sente à l’aise ?
A la maison, l’enfant est attaché à sa mère, bref à son entourage immédiat où il se sent en sécurité. Ceci est prouvé par la théorie de l’attachement de Bowlby : selon lui, l’attachement se réfère au lien émotionnel spécifique que le bébé développe avec son « caregiver » (sa figure d’attachement : sa mère par exemple) pendant la première année de sa vie. Au moment de son entrée à l’école, l’enfant se sépare de sa mère et du milieu de vie qu’il est parvenu à s’approprier jusque-là, en intégrant un certain nombre de codes. Cette séparation secoue l’enfant car il expérimente une perte tout en étant confronté à l’inconnu. La séparation étant un processus fondamental dans le développement affectif qui permet au bébé de se séparer de sa mère pour devenir un individu avec sa personnalité propre. De ce fait, il est angoissé et paniqué. Et l’école est là pour permettre à l’enfant d’élaborer son angoisse et l’aider à quitter le familier pour aller vers l’étranger. Donc, quand l’enfant entre à l’école, il doit faire face à la séparation ; pour cela, il va utiliser des comportements qu’il a déjà expérimentés et qui lui sont apparus pertinents pendant ses années d’existence à la maison. Ainsi, à l’entrée de l’école, des réactions différentes d’un enfant à l’autre vont se manifester : tel enfant demeurera silencieux, inhibé, sans larmes, tel autre va pleurer, tel autre s’agitera, provoquera, agressera. Je me souviens d’ailleurs que mon enfant à 2 ans et demi était très calme à sa première année à l’école. Alors, l’enseignant(e) face à cela doit prendre des dispositions pour mieux les accueillir : les enfants ont besoin d’être reconnus, accueillis, sécurisés, pris en compte. Ils doivent découvrir que l’accueille est un temps positif pour eux. Celui-ci doit donc être privilégié. L’enfant peut s’y confier, faire un câlin, rire et non pleurer. L’enseignant doit donc être disponible, être à l’écoute, observer, entrer en communication : accueillir l’enfant par son prénom pour un bonjour personnalisé : « bonjour Joël ! Tu es beau ce matin ! Akié chaud gars tapes ici (en présentant ses 5 doigts) par exemple », le porter même, l’embrasser… , l’enseignant(e) doit adopter l’accueil aux besoins des enfants. Dans la salle de classe, l’enseignant(e) dirige l’enfant inscrit à sa place où il/elle aura collé son nom et sa photo sur la table. L’enseignant(e) doit continuer à utiliser le langage familier de l’enfant afin de le conduire petit à petit à celui adapté à l’école.
Comment les parents doivent-ils se comporter avec ces tout petits avant, pendant et après le début des cours ?
Chaque parent mère ou père ou quel que soit la personne qui prend soin et accompagne les enfants ont différente appréhension de la séparation. Avant la rentrée, les parents doivent déjà habituer leurs enfants en prononçant le mot « école » autant qu’ils le peuvent avec enchantement dans leurs oreilles, acheter des petites fournitures nécessaires à leur départ : beau sac, gourde, gamelle, chaussures, manteau, etc… afin de leur donner envie d’y aller. A la veille du départ à l’école, les parents doivent leur faire aller au lit très tôt pour se réveiller très tôt le lendemain afin de ne pas arriver en retard. A 6h30 heure de réveille, ils doivent apprêter les tout petits : toilette, petit déjeuner, goûter afin d’être prêt à 7h pour aller à l’école. Tout dépend de la distance entre la maison et l’école. Il y’en a qui se réveillent beaucoup plus tôt. Arrivé à l’école ne pas montrer de nervosité à l’enfant, toujours afficher face à lui une « positive attitude » : le flatter, l’encourager à entrer à l’école, si possible entrer avec lui dans sa classe jusqu’à sa place, prendre des photos de lui, etc … et s’en aller vaquer à leurs occupations sans regarder derrière, l’enseignant(e) se chargera du reste. Apres l’école enfin, le parent doit être là avant la fin des cours pour prendre son enfant afin de ne pas l’inquiéter, à la maison, le débarbouiller en lui faisant vous raconter sa journée à l’école, lui donner son goûter, l’inviter à se reposer si possible une heure ou deux, l’aider à faire ses devoirs ensuite s’il y’en a, s’amuser, regarder la télé, diner et aller au lit tôt et le cycle recommence. Notons que ce n’est pas toujours les parents qui font ce boulot mais les nounous ou autres personnes de confiance car certains parents rentrent tard. Donc ce procédé n’est pas universel au sein de chaque famille.
L’enfant doit-il nécessairement passer par la maternelle pour arriver au primaire en la classe de la Sil ?
L’âge requis pour un enfant d’entrer à la Sil au primaire est 6 ans après avoir passé 2 ans à la maternelle. Cependant, il n’est pas nécessairement obligatoire pour un enfant de passer par la maternelle avant d’arriver au primaire. Pour cela, il doit être soit un surdoué, soit avoir acquis suffisamment une éducation de base de la part de sa famille pouvant lui permettre de sauter cette étape. Mais il serait préférable et plus judicieux d’envoyer son enfant à la maternelle pour lui permettre d’acquérir les premières bases de l’éducation pour qu’il soit disposé à recevoir les apprentissages du primaire.