A quelques 72 heures dudit concours, le Cames réclame encore plus de 30 millions FCfa.
Par Francis Eboa
Le 26 octobre 2021, le secrétaire général par intérim du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (Cames), le Pr Abou Napon a rédigé depuis Ouagadougou, une note adressée aux candidats au concours d’agrégation. Dans cette correspondance dont l’objet est « participation au concours d’agrégation Sjpeg – session de novembre 2021 », il est écrit, « A dix jours du concours d’Agrégation, j’ai l’honneur de vous informer que les frais pour services rendus relatifs à votre dossier Concours, ne sont pas encore payés ni par vous-même ni par votre institution », précise le Pr Abou Napon.
En réalité, chaque université d’Etat qui présente ses candidats au concours d’agrégation doit prendre en charge leurs candidats (frais du concours, transport etc…). Pour y postuler, il y a toute une longue procédure. « Lorsque vous voulez postuler à un concours d’agrégation, il y a toute une procédure que vous devez suivre. Le dossier est d’abord déposé chez le doyen de la faculté qui étudie et met son ok. Puis le dossier est acheminé chez le recteur qui valide votre candidature », explique un candidat au prochain concours d’agrégation. Pour cette session qui débute jeudi prochain c’est-à-dire le 04 novembre et s’achève le 17 novembre 2021, l’université de Ngaoundéré a un total de 07 candidats en lice soit 01 en science économique et gestion, et 06 en science juridique et politique (03 en droit public et 03 en droit privé). En principe, l’université doit verser au Cames la somme de 1,4 millions de Fcfa par candidat soit un total de 9,8 millions. A quelques jours du démarrage de ce concours d’agrégation, les candidats de l’université de Ngaoundéré sont aux abois, car ils disent avoir utilisé toutes les voies. En avril 2021, le ministre d’Etat Jacques Fame Ndongo a été saisi qui à son tour a relancé Madame le recteur de l’université de Ngaoundéré sans suite. En août 2021, lors d’une rencontre avec les enseignants, le problème a été soulevé au recteur, et, est resté lettre morte.
Arriérés
Déjà, le 19 avril 2021, le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur le Pr Jacques Fame Ndongo avait rappelé le Pr Florence Huphie Chinje, recteur par le billet d’une correspondance, les arriérés des contributions de l’université de Ngaoundéré vis-à-vis du Cames. « J’ai l’honneur de vous faire connaitre que, l’institution dont vous avez la charge est redevable auprès du Cames de la somme de vingt-deux millions huit cent mille Fcfa, au titre de sa participation aux différents programmes organisés par cette institution. Cette situation inconfortable est de nature à compromettre la participation des candidats camerounais aux très prochaines sessions d’évaluation (CCI et concours d’agrégation) », a écrit le Pr Jacques Fame Ndongo. Aussi, si l’on ajoute à cette dette antérieure la somme de 9,8 millions représentant les frais des candidats de cette année, l’université de Ngaoundéré a une ardoise de 32.600.000Fcfa à éponger au Cames. L’on peut donc comprendre la fermeté dans le ton à travers cette correspondance du 26 octobre dernier du secrétaire général par intérim du Cames. « Aussi pour ne pas compromettre le fonctionnement de l’institution, et entacher la qualité de l’organisation du concours, le devoir m’oblige de vous inviter à régulariser dans les délais, par tous les actes légaux possibles, ces différentes situations pour se mettre à l’abri de l’application de la rigueur administrative prévue par les textes en vigueur », a martelé le Pr Abou Napon.
A l’état actuel des choses, rien ne semble changer le calvaire des postulants de l’université de Ngaoundéré au concours d’agrégation qui débute dans exactement 72 heures. Nous avons tenté en vain de joindre certains responsables de l’université. « En septembre 2021, nous sommes allés rencontrer le ministre d’Etat le Pr Jacques Fame Ndongo. Il a appelé Madame le recteur devant nous. Lorsque le ministre d’Etat lui a posé le problème, elle a demandé au ministre d’Etat que, les candidats des universités privées font comment. Elle a été tout de suite interrompu par le Pr Jacques Fame Ndongo qui lui a dit que, s’il y a une incidence diplomatique dans cette histoire, c’est elle qui répondra », nous confie un candidat. Notre vis-à-vis va poursuivre en disant : « lorsque le ministre lui a dit ça, elle a dit qu’elle allait voir comment supporter une partie et que le reste devra être supporté par les facultés concernées. Elle a confié nos dossiers au doyen qui à son tour l’a confié au Daaf. Nous voici abandonné à nous même. Pendant que les autres candidats des universités d’Etat camerounaise se rendent à Cotonou en délégation et par avion, nous autres partons en pièces détachées. Ceux qui ont les moyens partent par avion, et les nous autres allons prendre la route, et la pirogue en passant par le Nigeria avec tous les risques que cela comporte », se lamente un candidat. « Cette situation est vraiment lamentable et c’est depuis des années que cela ne change pas. J’ai vécu cette même situation où nous sommes partis d’ici par route, on a traversé les fleuves par pirogue. Une fois à Cotonou, on dormait dans une chambrette et on partait concourir à moto pendant que les autres se rendaient en taxi ou en bus. Tout ça parce que l’université ne nous avait pas pris en charge. Dieu merci que nous avons réussi », se souvient un ancien candidat au concours d’agrégation aujourd’hui professeur titulaire.