Elle est la première non voyante à avoir obtenu un Doctorat à l’université de Dschang.
Par Nadine Ndjomo
En soutenant sa thèse de doctorat le 29 juin 2021, à l’université de Dschang au Cameroun, Gisèle Guedong Jiogue, était loin de s’imaginer qu’elle rentrerait dans l’histoire. Dans l’histoire de cette université située dans la région de l’Ouest Cameroun, mais quelque part aussi, dans l’histoire du « Cameroun ». Car, le dire ne serait pas exagéré. Et au vu du profil et de la particularité du jeune Docteur, qui est la première non voyante à obtenir un PHD dans cette institution universitaire.
Agée de 30 ans, Gisèle Guedong Jiogue a perdu la vue depuis plus de 25 ans. « A l’époque, je suis au cours préparatoire. Mes parents ont fait le tour des hôpitaux avec moi, pour essayé de trouver le mal dont je souffrais et le soigner. Mais la quête est vaine », raconte cette fille de l’Ouest Cameroun. Dans tous les hôpitaux où la famille se rend, le résultat est négatif. La rectine pigmentée dont elle souffre est irréversible. La petite Gisèle et sa famille doivent se résigner, accepter la situation et trouver une école où la scolariser.
L’option disponible et qui s’offre à Gisèle, c’est la CBC integrated school for the blind de Kumbo dans la région du Nord-Ouest, pour le cycle primaire. Pour le secondaire, ses parents la scolarisent à la Joseph Mary Baptist in Nduh et au lycée bilingue de Bafoussam où elle obtient son GCE ordinary Level. Le GCE en poche, la jeune dame s’inscrit en sociologie à l’université de Dschang. Nous sommes en 2012. En 2015, elle obtient sa licence, deux ans plus tard, son Master 2. Et il y a quelques mois, son PHD.
Le thème choisi pour cette thèse était : «mobilisation sociale des jeunes autour des projets communautaires de développement : le cas des jeunes ruraux du département de la Menoua ». Un thème choisi a dessein, car la trentenaire est originaire de ce département. Avec l’encadrement et le soutien du Pr Jacques Chatue, directeur de thèse et chef de département philo psycho-sociaux à l’université de Dschang, et le Pr Meli, qui mettait « à notre disposition les fichiers numériques des cours », Gisèle a obtenu la mention Honorable !
Polyglotte, aujourd’hui, en service au Centre de réhabilités des jeunes aveugles du Cameroun (Cejarc), elle déplore le fait que les enseignants ne sont pas outillés pour encadrer les élèves ou étudiants souffrant d’handicaps. L’un de ses rêves est d’ouvrir une structure pour former ces jeunes et donner la chance aux élèves souffrant d’un handicap particulier, de pouvoir poursuivre leurs études ; ceci en attendant d’être recrutée à la fonction publique ou d’être consultante dans une structure ; qui pourrait avoir besoin de son expérience et de ses connaissances.