C’est la première femme à soutenir un PHD en informatique à l’université de Ngaoundéré.
Par Nadine Ndjomo
Elle s’appelle Ndo Meyo. Et quand elle parle d’informatique, d’algorithmes, d’applications, de sécurité sur la toile, de l’avantage d’utiliser à bon escient cet outil qui a révolutionné le monde, elle s’oublie. Tant la passion est forte. Les maux coulent. Ceux qui semblent être complexes pour le commun des mortels, elle les démystifie et vous le fait avaler avec appétit. C’est peut être pour cette raison qu’elle a reçu avec brio son passage de doctorante en informatique, à Docteur.
C’était la semaine dernière à l’université de Ngaoundéré. La salle était comble. Les yeux curieux auscultaient cette trentenaire, dont le profil restera dans les annales de cette institution universitaire. Non pas parce qu’elle est seulement femme. Que nenni ! Mais pour plusieurs autres raisons. Primo son thème. Il est particulier. Et elle l’a proposé en anglais. Et en français, ça donne ceci : « vers une avancée du trafic routier camerounais : une évaluation de la technologie DSRC pour la sécurité et l’efficacité du tracé ». Deuxio, pour la maitrise et la particularité de son sujet. A travers ce travail qu’elle vient de livrer, cette ancienne étudiante de l’Institut africain d’informatique (IAI) (cuvée 2005-2008), souhaite « limiter les accidents, les empêcher si possible, réduire les embouteillages, en prédisant l’état du trafic à certains points, guider les automobilistes… ». Dans ce travail scientifique, l’ancienne élève du lycée de Kribi a tout prévu. Et ce n’est pas son directeur de thèse, le Pr René Ndoundam, enseignant d’informatique, à la faculté des sciences de l’université de Yaoundé I ou alors, le Dr Jean Michel Nlong 2, un autre de ses encadreurs, lui aussi, enseignant d’informatique à l’université de Ngaoundéré, qui diront le contraire.
L’ancien employé d’Elections Cameroon (Elecam) à Nyété (arrondissement situé après Kribi), a tout prévu « pour modéliser » le trafic routier camerounais. Et ceci, depuis 2016. Année au cours de laquelle, elle a effectivement commencé ses recherches, bien qu’inscrite en thèse depuis 2013. C’est donc sans surprise qu’elle a obtenu la mention « très honorable ». Les mauvaises langues et les misogynes diront peut être qu’elle a eu le soutien des responsables de la maison d’une part et d’autre part, parce qu’elle y travaille. C’est vrai, qu’elle connait l’université de Ngaoundéré. Elle y a passé un an, en fac des Sciences entre 2004-2005, avant de se faire former à l’IAI.
En 2010, devenue ingénieur, elle revient à l’université de Ngaoundéré pour suivre une autre formation en fac des Sciences, à l’effet d’obtenir une autre licence, puis un master I et master II. Des diplômes, qui l’ont menés vers la voie du doctorat, et ont fait d’elle, l’unique femme, pour le moment, à soutenir une thèse de doctorat en informatique à l’université de Ngaoundéré.
Devenue pionnière, cette fille du département de l’Océan, région du Sud, est également la seule femme sur les 11 enseignants que compte le département de mathématiques, informatique de la faculté des sciences de l’université de Ngaoundéré. Une place qu’elle doit à son travail acharné, au sérieux et à la rigueur qu’elle met dans tout ce qu’elle fait. Et ce leitmotiv lui a permis de remporter des nombreux prix sur le plan international, dont le Tech women en 2017 et la Grace-Murray-Hopper en 2018.
Des reconnaissances, qui la confortent dans l’idée selon laquelle, pour le futur, elle ambitionne de : « redynamiser la filière informatique, faire table rase de ce qui se fait actuellement et qui date de 40 ans, proposer des solutions pour notre environnement, créer des applications pour résoudre ces problèmes, inciter les jeunes à plus de créativité ». Et pour atteindre ses objectifs, le Dr Ndo Meyo, sait qu’elle peut compter sur son époux et ses deux enfants.