Jadis dévalorisé, récusé des parents, ce pan de formation au Cameroun est désormais l’une des voies pour trouver un emploi.
Par Rose Nang
C’est une situation qui commence à changer. Et les différentes déclarations d’Issa Tchiroma Bakary, ministre camerounais de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minfopra) ; qui promeut l’enseignement professionnel en sont des illustrations. Mais cela n’a pas toujours le cas au Cameroun.
« Car à l’époque, les élèves les plus âgés et ceux qui étaient en situation d’échec dans l’enseignement secondaire général étaient orientés dans l’enseignement technique. Les premières écoles post-primaires ont formé des instituteurs et des auxiliaires d’administration bénéficiant d’un statut social bien valorisé. Les premières études supérieures ont été proposées dans des grands séminaires catholiques (latin, philosophie, théologie) d’où sont sortis les premiers hauts fonctionnaires ayant accompagné les premiers pas du jeune État camerounais », raconte Augustin A, enseignant à Douala.
Bien plus, les élèves ayant fait l’enseignement technique professionnel avaient moins de possibilités d’accès à l’enseignement supérieur. Et la création des Instituts Privés d’enseignement supérieur (Ipes) post-secondaires par des laïcs en 1990, l’étroitesse des offres de formations dans l’enseignement public, la forte demande en filières professionnalisantes, l’autorisation des élèves titulaires des baccalauréats G1 (secrétariat) et G2(gestion comptabilité) dans les facultés de droit et sciences économiques a changé la donne.
Malgré la volonté politique du Cameroun de promouvoir son développement, l’Estp reste faiblement représenté à la fois par le nombre d’établissements. A date, d’après le service de la statistique du ministère des Enseignements secondaires du Cameroun, le pays compte, 280 lycées techniques, dont 9 dans l’Adamaoua, 53 dans la région du Centre, 21 à l’Est, 18 dans l’Extrême-Nord, 26 dans le Littoral, 17 dans le Nord, 37 dans le Nord-Ouest, 61 à l’Ouest, 20 dans le Sud et 18 dans le Sud-Ouest.
Quant aux collèges d’enseignements technique industriel et commercial (Cetic), le Cameroun en dénombre 501 ; dont 15 dans l’Adamaoua, 95 dans le Centre, 30 à l’EST, 62 à l’Ouest, 37 dans le Sud, 57 dans l’Extrême-Nord, 28dans le Littoral, 22 dans le Nord, 103 dans le Nord-Ouest et 52 dans le Sud-Ouest. Pour le compte de l’année scolaire qui s’achève (2021-2022), le Cameroun a enregistré 402 438 élèves pour 17 840 enseignants.
L’Etat emploie peu. D’après la loi de finances 2021, le nombre de fonctionnaires et d’agents de l’Etat est passé de 197 471 en 2010 à 340 957 en juin 2020.