Malgré la tenue des réunions avec le gouvernement, il envisage de poursuivre le débrayage si des solutions concrètes ne sont pas trouvées.
Par Nadine Ndjomo
Voilà déjà une semaine que certains enseignants du secondaire au Cameroun, observent un débrayage. Ils revendiquent : « le paiement des arriérés des 25.000 compléments de salaire et 90.000 avancements dans un bref délai (avec rappels y afférents) et selon un planning bien défini ; la prise en solde immédiate et complète des ECI ; le paiement immédiat des rappels de 2/3 des enseignants pris en solde en décembre 2018 et oubliés lors du paiement des rappels y afférents, le calcul des rappels de 1/3 sur la base de 67.000FCfa et non sur la base de 58.000FCfa, la suppression des taxes sur le calcul de nos rappels d’intégration, la reprise en solde immédiate des enseignants suspendus de solde pour abandon de poste, pourtant affectés sans protection dans des zones de guerre, la ré-automatisation du non logement dans les salaires des promotions allant de 2020 à 2022, la suppression pure, simple et définitive du système des 2/3 dans le paiement de nos salaires, l’automatisation des avancements des enseignants qui tarde à se faire ressentir. »
D’aucuns, menacent d’ailleurs, « d’empêcher si non de troubler » la session d’examens officiels 2022, si leurs revendications ne sont pas prises au sérieux par le gouvernement. « Nous sommes fatigués. Il faut qu’on fasse du bruit pour que nos problèmes trouvent des solutions. Notre collègue du lycée de Beka, qui a passé 11 ans, sans acte d’intégration sans salaire, il a fallu ce débrayage pour qu’il puisse avoir son acte d’intégration. Son problème a trouvé une solution en 72h », explique Michel T, enseignant de mathématiques.
Et de subodorer : « le gouvernement peut, mais ne veut pas. Les gens ne font pas leur travail. Ils préfèrent acheter des cylindrées à coups de milliards FCfa, construire des stades à coups de milliards FCfa, au lieu de solder nos dettes, qui ne s’élèvent qu’à quelques millions. Trop c’est trop. On ne peut plus supporter. Si le gouvernement ne résout pas nos problèmes, il verra ce que nous allons faire lors des examens officiels, qui arrivent à grands pas. »
Frileux, le gouvernement a tenu une réunion le 18 février dernier. Elle a eu lieu à Yaoundé, dans les services du Premier ministre. Présidée par Séraphin Magloire Fouda, secrétaire général de la Primature, il a été instruit au Minesec, à l’issue de ladite réunion de tenir une séance de travail le 22 février 2022 avec les représentants des mouvements syndicaux à l’effet de : tabler sur la question du regroupement familial et d’autres sujets. Réunion, qui a effectivement eu lieu, à en croire, le communiqué signé de Nalova Lyonga, et les représentants des différents syndicats ; le 22 février 2022.
Sauf que, malgré ces réunions et les promesses faites par le gouvernement, les cours n’ont toujours pas repris dans tous les lycées où le mot d’ordre de grève a été respecté et les enseignants ne décolèrent pas. «Nous allons poursuivre pacifiquement le débrayage. Nous n’en pouvons plus. La grève pourrait s’intensifier dans les prochains jours. Notre intention n’est pas de plus travailler. Nous avons été formés pour dispenser le savoir. Mais nous avons de la peine à le faire, car ne disposant pas du minimum. Un enseignant qui n’est pas motivé devient systématiquement indigent. Nous ne voulons plus de solutions cosmétiques. Nous invitons le gouvernement à prendre au sérieux nos revendications », souligne Yves Louga, responsable de la communication du mouvement OTS.
Quant aux primes de surveillance, de correction, délibération des examens officiels, explique le responsable de la communication du mouvement OTS : « c’est toujours au gouvernement de régler cette facture. Et non à l’office national du baccalauréat (OBC) comme certains le pensent. L’OBC n’est pas le problème. C’est certes un organe « autonome », mais ses comptes bancaires, sont gérés par d’autres. Du coup, c’est difficile de fonctionner sans son propre argent. Ce genre de problème n’existe pas dans le système anglophone, avec notamment le GCE. Il a un compte à part entière. Ce qui n’est pas le cas de l’OBC, qui doit attendre qu’on lui donne, avant de donner à son tour. »
Dans ce combat que mène le mouvement OTS, certains proviseurs de lycées ne semblent pas concernés. Quand ils ne menacent pas verbalement les enseignants grévistes de représailles, ils relèvent les noms de ces derniers et les font tenir à la hiérarchie. Estimé à plus de 10.000 membres à date, d’après Yves Louga, le mouvement OTS est représenté dans les 10 régions du Cameroun.