Elles ont été rendues publiques, pour mettre fin à ce mouvement d’humeur.
Par Nadine Ndjomo
La grève des enseignants au Cameroun est sur le point de s’arrêter. Le gouvernement, au cours d’une communication, jeudi le 10 mars 2022, en présence de quatre ministres dont Laurent Serge Etoundi Ngoa, de l’Education de base, Nalova Lyonga, des Enseignements secondaires, Louis Paul Motaze, des Finances, Joseph Le, de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Renée Emmanuel Sadi, de la Communication a pris l’engagement:
Sur le plan financier de :
-Procéder au paiement, à partir du mois en cours, du complément salarial mensuel à verser aux enseignants titulaires ou non des décrets d’intégration, qui ne perçoivent actuellement que les 2/3 de leur salaire et de l’indemnité de non logement due aux enseignants qui n’en perçoivent pas
-Apurer, à compter du mois de mai 2022 et de manière progressive, en tenant compte de l’antériorité des promotions, les rappels relatifs à l’indemnité de non logement et au complément salarial dus aux enseignants
-Procéder au paiement échelonné à compter du mois de juin 2022, des rapports relatifs aux avancements des enseignants
Sur le plan administratif
-Systématiser la constitution des dossiers d’intégration des enseignants avant la fin de leur formation, par les intéressés et les institutions auxquelles ils sont affiliés
-Veiller, en relation avec les universités d’Etat compétentes, au dépôt systématique dans les délégations régionales ou dans les services centraux du Minfopra, le cas échéant, des dossiers des lauréats des écoles normales supérieures (Ens) de l’enseignement technique
-Traiter en urgence les dossiers d’intégration déjà recensés au Minfopra et de faire le point exhaustif sur les dossiers d’intégration en instance au Minesec et au Minedub
-Procéder désormais, en relation avec le Minesup, à l’organisation des concours d’entrée dans les ENS conformément à la réglementation en vigueur
-Mettre en œuvre toutes les mesures concourant à la dématérialisation et à la simplification des procédures de traitement des dossiers d’intégration dans la Fonction publique.
Le gouvernement a décidé, dès le mois en cours et ce, jusqu’à la fin de cet exercice budgétaire, d’apurer le règlement de la dette due au non-paiement des indemnités de non logement, aux 5289 personnels du Minesec, ainsi que celle liée à l’intégration partielle des 20.449 personnels de ce même département ministériel pris en charge aux 2/3 , pour un montant total de 17 milliards 600 millions FCfa , soit 1 milliards759 millions par mois.
S’agissant des rappels induits par la mise en œuvre de ces deux mesures, le gouvernement se propose de payer au courant de l’année en cours, et dès le mois de mai, 28 milliards FCfa. Le reliquat, soit environ 31 milliards FCfa 900 millions de FCfa, sera payé au courant de l’année 2023.
Pour rappel, depuis le 21 février 2022, un mouvement d’enseignants baptisé « on a trop support », a lancé une grève. Elle a suivi dans plusieurs établissements du Cameroun ; avec notamment l’arrêt des cours. Ils revendiquaient :
-Le paiement immédiat de la dette envers les enseignants soit 181 milliards FCfa représentant les frais de rappels, avancements, allocations familiales, et autres primes
-La révision, l’amélioration et l’arrimage effectif des conditions de travail des enseignants, à leur statut particulier
-L’indexation automatique des salaires des enseignants fonction des fluctuations de notre économie
-La revalorisation du salaire de base des enseignants à 280.000 FCfa pour les cadres A2, et 250 mille pour ceux de la catégorie A1
-La revalorisation de l’indemnité de logement à 100.000 FCfa pour les cadres de A2 et 75.000 FCfa, pour les cadres A1
-L’introduction de la prime d’eau, d’électricité, soit 10 000 FCfa pour l’eau et 30.000 FCfa pour l’électricité
-La revalorisation de la prime de recherche à 50.000 FCfa
-La revalorisation de la prime de technicité
-L’automatisation des avancements
-L’introduction d’une prime de risque pour les enseignants affectés dans les zones d’insécurité et particulièrement difficiles, soit 50.000 FCfa
-La suppression immédiate du système 2/3 et 1/3 sans prise en compte des taxes sur les rappels
-L’automatisation des paiements des avancements
-L’effectivité de la bourse mensuelle pour les élèves professeurs des ENS soit 80.000 FCfa pour le second cycle et 50.000 FCfa pour le premier cycle
-L’élaboration d’un profil de carrière clairement défini, s’agissant de la progression au sein du Minesec
-L’automatisation tous les trois ans d’un cycle de formations continues pour les enseignants
-Le perfectionnement des enseignements et des outils didactiques au sein des écoles de formation.
Dans ce combat pour l’amélioration des conditions de travail des enseignants au Cameroun, un enseignant est mort. Hamidou, il s’appelait. En service au lycée de Beka, dans le département du Faro, région du Nord-Cameroun, le trentenaire était devenu « le visage du calvaire des enseignants ». Après avoir passé 10 ans sans salaire, ni acte d’intégration, l’enseignant d’éducation physique et sportive (EPS) a vu son acte d’intégration signé par le Minfopra, trois jours après avoir posté une vidéo où parlait de sa situation, la peau sur les os, les yeux larmoyants. Hamidou est mort le 8 mars 2022, d’une crise cardiaque-a-t-on appris. Espérons que sa mort ne soit pas vaine.