proviseur du lycée Technique de Poli.
Propos recueillis par N.N
Comment s’est déroulée l’année scolaire 2020-2021?
Dans l’ensemble, nous avons passé une année scolaire sereine bien que la pandémie liée au virus de la covid-19 a causé quelques torts. Mais au final, tout s’est bien déroulé. Sur le plan pédagogique, nous n’avons relevé aucun bémol.
Avez-vous appliqué le système de la mi-temps ?
La mi-temps concernait les établissements qui disposent d’un grand effectif. Compte tenu du fait que notre lycée ne dispose pas assez d’élèves, nous n’avons pas fait de mi-temps. Les cours se sont déroulés comme d’habitude de 7 h 30 à 15 h 45.
Combien d’élèves étaient inscrits au lycée technique de Poli au cours de l’année scolaire écoulée et quelles sont les filières qu’on y retrouve ?
Au cours de l’année scolaire 2020-2021, notre établissement comptait au total 279 élèves. Et les filières que l’on retrouve au lycée technique de Poli sont entre autres, la comptabilité, l’électrotechnique et le génie civil (bâtiment).
Le nombre d’enseignants dont dispose le lycée technique de Poli respecte-t-il le ratio qu’exige l’Unesco ?
Malheureusement non. Il y a des disciplines où il n’y a aucun enseignant. C’est le cas en comptabilité, en mathématiques. Tout comme c’est le cas en droit, en philosophie et aussi en éducation physique et sportive. Pour pallier ces vides, nous avons opté pour recruter des vacataires qui sont payés par l’association des parents d’élèves (Apee).
A combien sont rémunérés les vacataires et quels sont leurs profils ?
La somme est très dérisoire. Nous leur donnons 25.000 FCfa chaque fin du mois. La majorité est constituée des instituteurs de l’enseignement technique et d’autres qui ont des diplômes universitaires mais qui se retrouvent au chômage.
Combien d’enseignants titulaires avez-vous?
Notre établissement compte au total 32 enseignants titulaires pour huit vacataires.
Avez-vous fait une demande au niveau de votre hiérarchie pour tenter de bénéficier d’un nombre d’enseignant supérieur à l’effet de combler les déficits ?
Chaque fois au début et à la fin de l’année scolaire, lorsque nous dressons l’état des lieux sur les besoins de personnels auprès de notre hiérarchie, nous avons toujours mentionné cela. Malheureusement, cette logique ne suit pas jusqu’ici.
Dans un établissement technique, les élèves sont appelés à faire la théorie et la pratique. Comment cela se passe-t-il au lycée de Poli ?
Il y a des programmes qui sont déjà définis par les ministères en charge des enseignements secondaires. Ce sont ces programmes que nous suivons avec les quotas horaires. De plus, vous savez qu’à l’enseignement technique nous faisons en même temps les matières de l’enseignement général hormis les langues comme l’espagnol, l’allemand etc. Sans oublier les matières professionnelles notamment pratiques et théoriques et c’est à ce niveau que naissent les complications. Comme cela nécessite d’avoir deux enseignants par matière, chose difficile surtout dans l’arrière-pays. Nous ne les avons pas.
Pour les élèves techniciens, la pratique est incontournable. Comment font-ils ?
Au lycée technique de Poli, nous avons une politique particulière. Dès le début de l’année scolaire, nous avons entamé immédiatement les pratiques sans attendre un mois après comme les textes le précisent. Et les cours de travaux pratiques commencent également dans la même foulée. A ce niveau, on ne s’en tient pas même si les moyens ne sont pas insuffisants. Parfois à la salle des machines pour une séance pratique qui doit être faite par deux élèves, on n’est contraint de mettre plutôt deux par poste de travail parce qu’il n’en existe pas assez. Si vous avez par exemple 20 machines et que vous avez 50 élèves, vous êtes obligés d’en insérer deux par machine. Ce qui diminue le quota mais dans l’ensemble, nos élèves sont aguerris à la tâche.
Les résultats suivent quand même ?
Les résultats sont encourageants. Les statistiques que nous enregistrons ces dernières années le prouvent. Malgré les difficultés, on essaye de faire de notre mieux. Cela fait aujourd’hui quatre ans que nous sommes premier de la région du Nord avec de bons pourcentages de réussite.
Le lycée technique de Poli existe depuis combien d’années ?
Le lycée technique de Poli a été créé depuis 1992. Il était d’abord un collège d’enseignement technique, industriel et commercial (Cetic). Il a été transformé en lycée technique en 2007. Cela fait déjà 14 ans qu’il existe comme lycée technique. Nous avons eu une seule promotion de baccalauréat en 2015 et après cela comme nous n’avions pas assez d’élèves pour aller en terminal, les élèves sont partis dans d’autres établissements. Au lieu d’ouvrir la terminale à cause du manque d’infrastructures et d’enseignants, nous avons dû abandonner cette initiative. A partir de ce moment, nous préférons envoyer les élèves admis en classe de terminal dans d’autres lycées techniques notamment à Garoua, Ngaoundéré et j’en passe pour qu’ils continuent la classe de terminale.
Qu’est ce qui explique qu’il n’existe pas de classe de terminale au lycée technique de Poli ?
Les raisons qui expliquent l’absence d’une classe de terminale sont le manque d’enseignants et d’infrastructures. Ce sont les deux principales causes. Il faut rappeler que notre établissement ne dispose pas d’enseignant de philosophie. Certaines spécialités n’ont pas d’enseignants si nous voulons rouvrir la terminale cela veut dire qu’il nous faudra plus de vacataires. Or, l’effectif que nous avons ne paye pas en totalité les frais d’Apee. Sur 279 élèves que nous avons eu au cours de l’année écoulée seulement 232 ont payé les frais d’Apee. Vous voyez que cela ne couvre pas les frais de vacations pour les enseignants. Du coup, si on ouvre une autre terminale, on ne va pas s’en sortir. En ce qui concerne les frais d’Apee, ils s’élèvent à 10 000 FCfa par élève.