Epinglés pour une énième fois par le Minesup, ces écoles pointent du doigt les lenteurs administratives dans ce ministère.
Par Nadine Ndjomo
L’Enseignement supérieur semble avoir mal à ses instituts supérieurs d’enseignement privé (Ipes). Car, à l’issue de la 27ème session de la Commission Nationale de l’Enseignement Supérieur privé qui s’est tenue le mercredi 17 novembre 2021, sous la présidence du Pr Félix Nicodème Bikoi, président de ladite commission, des dossiers de création, d’ouverture, d’agréments et d’homologation des instituts privés d’Enseignement Supérieur, d’importantes décisions ont été prises dont : l’organisation d’un forum annuel des Ipes, afin de favoriser une concertation Minesup, Ipes et partenaires au développement, la publication d’une base de données exhaustives des Ipes, la classification des Ipes selon des critères de qualité et de performance bien établis, et surtout la publication, au début de chaque année académique, pour une meilleure information de l’opinion publique, d’une liste des Ipes non fonctionnels.
« Avec la multitude des Ipes qui existent désormais au Cameroun, nous ignorons celles qui sont fiables, celles qui ne le sont pas. Or nous avons besoin des listes des Ipes fonctionnels et fiables actualisées au mois d’août, à l’effet d’inscrire nos enfants », confiait alors un parent en septembre dernier, après la publication des résultats du baccalauréat. D’après les chiffres du ministère de l’Enseignement supérieur, mise à jour le 21 août 2019, le tableau affiche 265 institutions privées d’Enseignement supérieur autorisées au Cameroun. La région la plus fournie est le Centre, avec 88 Ipes, le Littoral en a 68, le Sud-Ouest 33, le Nord-Ouest 27, l’Ouest 26, le Sud 7, l’Est 5, le Nord 5, l’Extrême-Nord, 3 et l’Adamaoua 3.
Et sur ces 265 institutions, la commission du Pr Félix Nicodème Bikoi a épinglé plusieurs qui ont maille à partir avec la réglementation. Il s’agit de : l’Institut Supérieur des Sciences, de Technologie, de Commerce et d’Agriculture (Isstecoa) de Bafoussam, Institut Supérieur de Bafoussam, International University of Bamenda, l’Institut Supérieur des Arts et métiers de Bafoussam, l’Institut Supérieur Lead de Yaoundé, le Gulf-field Higher Institute of Petroleum, Mining, Business and Management de Limbé, l’institut Supérieur Africain des Technologies de l’Information et de la Connaissance, Ecole Supérieure de commerce et de Gestion de Yaoundé (Escgy), Institut Supérieur Royal Deumaga (Isrd) de Yaoundé, l’Institut Supérieur des Sciences et de l’Entreprise (Isse) de Yaoundé.
Ces grandes écoles sont sommées par le Minesup de fermeture du cycle de Licence professionnelle non autorisé, des cycles et filières non autorisés et cessation de signature des diplômes, Masters Professionnels non autorisés, cycle de Bachelor non autorisé, du cycle de Doctorat non autorisé, du cycle d’ingénieurs et de certaines filières non autorisés.
Quant aux Instituts dénommés : Andankeng Higher Institute of Profesionnal Studies de Buea, Acces Higher Institute of Professionnal Studies de Buea et Douala , Higher Institute of Professional Excellence de Douala, Havard Higher Institute of Science and Technology de Bamenda, Chartered Higher Institute of Technology and Management de Buea, Saint Louis Higher Institute of Health and Biomedical Sciences de Bamenda, Higher Institute for Business, Management and Technology Buea et Douala et Fomic Polytechnic de Buea, ils ont reçu pour sanctions un avertissement avec correction de leur dénomination.
Autant d’écoles qui ont déjà ; pourtant reçu des étudiants dans ces filières et cycles non autorisés. Accusés de désinvolture, précipitation et d’affairisme, ces Ipes se défendent et accusent, les lenteurs administratives. « Quand vous déposez votre dossier, pour qu’il soit signé au Minesup, cela prend beaucoup de temps. De plus, si une pièce manque à votre dossier, pour qu’on vous appelle, cela prend du temps. On ne peut se mettre à fonctionner si nous n’avons pas l’autorisation de le faire. C’est se tirer une balle dans le pied », explique l’un des promoteurs dont l’institut a été épinglé. Accusations que je rejette le Minesup, qui brandit l’arrêté fixant les conditions de création et de fonctionnement des instituts privés d’enseignement supérieur, au Cameroun. « L’arrêté n° 01/0096/MINESUP du 07 décembre 2001fixant les conditions de Création et de fonctionnement des instituts privés d’enseignement supérieur est clair. Les promoteurs doivent s’en référer et s’y tenir. Tout est clair », explique-t-on au Minesup.
Atangana Mebara
Signé le 07 décembre 2001, par Jean-Marie Atangana Mebara, alors ministre de l’Enseignement supérieur, l’arrêté N°01/0096/MINESUP, dans son article 3 indique que la création d’une institution privée d’enseignement supérieur est subordonnée à l’obtention de l’accord préalable du ministre chargé de l’Enseignement supérieur, suite à l’avis de la Commission nationale de l’enseignement supérieur privé. Dans les articles 4, 5 et 6 du même arrêté la dénomination, la localisation et le nom du promoteur de l’institution privée d’enseignement supérieur concernée Puis, il fait part du fait que l’accord de création d’une institution privée d’enseignement supérieur est valable pour une durée de trois trois ans renouvelable à compter de la date de sa signature et celui-ci est frappé de caducité si, à l’expiration des délais prévus à l’alinéa (1) ci-dessus, l’institution concernée n’a pas obtenu l’autorisation d’ouverture.
Le dossier de création d’un Ipes doit comporter : une demande timbrée du promoteur ou de son représentant, précisant les motivations des formations envisagées, selon le formulaire fourni par le Ministère chargé de l’enseignement supérieur ; un extrait du bulletin n°3 du casier judiciaire du promoteur ou de son représentant, datant de moins de trois (3) mois ; une copie certifiée conforme de l’acte de naissance du promoteur ou de son représentant ; une photocopie certifiée conforme de la carte nationale d’identité ou du passeport du promoteur ou de son représentant ; éventuellement, une photocopie certifiée conforme du permis du séjour en cours de validité du promoteur ou de son représentant ; un curriculum vitae détaillé du promoteur ou de son représentant; éventuellement, un certificat de propriété ou de concession définitive du terrain sur lequel sera implantée l’institution concernée, ou tout titre en tenant lieu ; un dossier relatif aux études techniques approuvées par les services compétents, concernant les fondations, les bâtiments ou locaux administratifs et techniques à construire, ou, lorsque les bâtiments et locaux existent déjà, le dossier d’expertise technique dressé par un ingénieur conseil ; une fiche détaillée des cycles de formation, des programmes d’enseignement et des diplômes envisagés, les effectifs envisagés par cycle et par filière ; les indications sur le personnel enseignant à recruter.
Indispensables, les Ipes accompagnent l’Etat dans les formations professionnalisantes des étudiants. En sus de l’agrément dont ils ont besoin pour fonctionner, les Ipes doivent fonctionner sous la tutelle d’une université d’Etat. Avant d’avoir cette onction, il y a des préalables. « Le nombre d’enseignants permanents, les arrêtés autorisant la création et l’ouverture de l’Ipes, la liste complète des infrastructures dédiées à la formation des filières sollicitées, liste du personnel administratif avec leurs qualifications, les programmes des filières concernées par la tutelle. Le Minesup finalise les accords de tutelle entre l’université et l’Ipes », apprend-on dans plusieurs universités d’Etat.
D’après le Minesup, aucune université n’est censée accepter d’être sous la tutelle d’un Ipes, sans avoir vu l’agrément délivré par la commission qui statue sur la délivrance des autorisations. Et un Ipes peut avoir plusieurs tutelles de différentes universités. Si on s’en tient au classement des établissements ayant présenté des candidats aux Examens de Brevet Technicien Supérieur (BTS), Higher National Diploma (HND) session 2021 effectué par le Minesup et paru le 3 septembre 2021, les cinq meilleures universités sont : l’institut universitaire de la côte (IUC), l’institut universitaire du Golfe de Guinée (IUG), l’institut supérieur de technologie appliquée et de Gestion (Istag) et l’institut universitaire Siantou. Ces cinq Ipes avaient chacun plus de 800 candidats.