Dans un état de délabrement avancé, certains villageois l’ont érigée en lieu de jouissances et plaisirs de couples infidèles, affirme-t-on ici dans cette localité de la région de l’Adamaoua.
Par Bertrand Ayissi
Des portes défoncées, des toitures de salles détruites et à la merci du vent, un plafond corrodé, des murs défraichis et des poteaux de vérandas ne tenant plus qu’au fer après avoir été dégarnis de leur béton. Tel est le visage triste et déconcertant que présente actuellement l’école primaire publique de Mbamti-Katarko, dans l’arrondissement de Banyo, région de l’Adamaoua. « Notre école est victime d’un vandalisme affreux. Il y a des personnes qui viennent détruire des portes et ont transformé cet espace dédié à l’éducation de nos enfants en auberge. Ces individus mal intentionnés montent même dans le plafond des salles pour déféquer afin d’empêcher écoliers et enseignants de travailler. Mais malheur à ceux qu’on prendra, ils vont répondre de leurs actes devant les services compétents. Jusqu’à ce jour, toutes les doléances que nous avons adressées à notre hiérarchie sont restées lettre morte. Le maire de Banyo a même été informé de la situation de notre école, toujours rien. Au moins, nous savons qu’il n’y a pas d’argent, donc, on attend toujours », confie Pierre Severain Ngamba, directeur de ladite école.
Créée en 1984, l’école publique de Mbamti Katarko essuie aujourd’hui toutes ses misères à cause du manque de clôture, principalement. « Depuis sa création, même le bureau du directeur n’existe pas. Ça fait que les classes étant vandalisées, les livres sont emportés par les villageois. La clôture non plus. La première des choses, c’est qu’il faut une clôture et recruter un veilleur de nuit », se lamente le directeur. L’école publique sise à une trentaine de kilomètres de Banyo, a pourtant une position stratégique. A la lisière des départements du Djérem et du Mayo-Banyo, c’est la première et seule école publique sur un rayon d’au moins 15 km à l’entrée du Mayo-Banyo. Mais elle ne paie de mine avec des infrastructures détruites soit par l’usure du temps et les intempéries, soit même par l’impitoyable manœuvre humaine. Mais ici, l’on croit connaître la véritable source du mal. « Ce sont des travaux de bâtiments qui ont été mal réalisés à la base. Les poteaux se sont détériorés très rapidement, on voit déjà les fers. On se rend facilement compte que le ciment n’avait pas été bien dosé ; ce d’autant que ces bâtiments n’ont pas plus de 15 ans d’âge », dénonce un habitant de Mbamti.
Ecole à cycle complet ayant accueilli 556 élèves au cours de l’année scolaire 2021-2022, pour une capacité totale de 10 salles de classe, ce n’est pourtant pas la ressource humaine qui est abondante ici. « Nous avons un manque criard d’enseignants. Il y a trois enseignants pris en charge par l’Etat. Et deux maitresses des parents. Tous ces enseignants sont uniquement de sexe féminin ; c’est un problème parce que les femmes n’aiment généralement pas être sous la pression du travail. En outre, nous faisons des efforts pour sensibiliser les parents, mais c’est à peine si on a souvent 10 parents quand nous convoquons des réunions d’Apee. En fait, ils ne veulent pas qu’on leur mette la pression d’envoyer leurs enfants à l’école. Ces enfants sont en fait leur main d’œuvre qu’ils utilisent pour des travaux champêtres et petits commerces. Voyez un village comme Mbamti Katarko, qui devrait avoir au moins deux à trois écoles primaires, mais où les enfants vadrouillent au quartier parce qu’ils ne veulent pas aller à l’école ». L’espoir reste à Mbamti que son école publique puisse briller de mille feux ; la localité est déjà défavorisée du fait que partir de Mbamti pour Banyo, sur un tronçon d’au plus 35 km, il faut compter environ une heure et demi. Le bitume de deux kilomètres qui meuble le centre de la localité n’a pas encore la moindre ambition de rallier la capitale départementale du Mayo-Banyo, au plus grand bonheur des « poches d’éléphants ».