Premier professeur titulaire de l’Adamaoua et premier physicien titulaire du Septentrion, il est depuis le 11 juillet 2022, le directeur de l’Ensmip de l’université de Maroua.
Par Bertrand Ayissi
Depuis le 11 juillet 2022 que Paul Biya, président de la République, a fait de lui le directeur de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines et des Industries pétrolières (Ensmip) de l’université de Maroua, le Pr Serge Doka Yamigno n’a plus eu de répit. Il s’est aussitôt mis au travail, activant particulièrement le levier de la coopération. Une logique anticipative en adéquation avec l’une des recommandations faites par le recteur Idrissou Alioum le 25 juillet dernier à Kaélé, lors de l’installation du nouveau directeur, à savoir, « de consolider son identité et de la faire classifier par les instances consacrées d’ingénieurs afin d’avoir une convention directe conséquente conforme aux exigences de votre fonction. Vous aurez tout intérêt à capitaliser les partenariats initiés avec les entreprises et à les densifier, car ce sont des gages de l’employabilité de vos étudiants. En prenant vos fonctions, vous faites partie du « Top Top management » de l’université de Maroua. Vos activités vous placent au cœur des missions essentielles régaliennes de l’université de Maroua dans les milieux de la recherche, des enseignements, de la formation et de la coopération, de la professionnalisation et de l’assurance qualité, chers à la nouvelle gouvernance universitaire impulsée par le chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya ».
Serge Doka ne sait que bien ce qu’il à faire, et nombreux sont-ils à croire en lui. « Scientifique dynamique et prolifique » et « Expert en Physique des cellules solaires et énergies éoliennes » non moins auteur de nombreux travaux sur Albert Einstein, comme l’a indiqué le Pr Idrissou Alioum, son parcours éloquent a particulièrement été ovationné le 25 juillet 2022 à Kaélé. Non seulement par le recteur de l’université de Maroua, par les étudiants de l’Ensmip qui attendaient impatiemment leur nouveau directeur, mais par la communauté universitaire de Maroua en général. Nul doute qu’à la vitesse et à la puissance d’une balle de tennis, sport qu’il aime tant, le nouveau directeur de l’Ensmip saura implémenter la vision futuriste qu’il a depuis l’université de Ngaoundéré. Ce n’est pas un fait du hasard si, le 13 juillet dernier, le recteur Uphie Chinje lui rendait déjà cet hommage : « Le VR-Pdtic sortant a su, par sa rigueur et sa perspicacité administratives, impulser une nouvelle dynamique dans le domaine académique au sein de notre université. Il est vrai que son séjour à la tête de cette structure a été bref, car il y a passé une seule année, mais son empreinte est déjà fort visible, car il a réussi, en si peu de temps, à redynamiser et à recadrer la professionnalisation des enseignements dans les différents établissements. Maintenant qu’il est à la tête de l’Ecole nationale supérieure des mines et des industries pétrolières de l’université de Maroua, je me devais de lui rendre cet hommage mérité et lui souhaité bon vent dans ses nouvelles fonctions ».
Proactivité
Le vent affable de Kaélé qui souffle déjà sur Serge Doka, est certainement un gage de réussite. Lui qui a toujours placé l’étudiant au centre de ses préoccupations. D’ailleurs, il souvent été possible de le confondre à un jeune étudiant sur le campus de l’université de Ngaoundéré. Surtout lorsqu’il se rendait à son entrainement de tennis, sa passion le weekend ; ou alors lorsqu’il arbore parfois le vendredi, un « saro » sur mesure aux couleurs uniques. L’homme est dandy et sa jeunesse apparente parle pour lui. Son rire, souvent moqueur pour certains, ravive tout. Sans doute inspiré par l’un de ses auteurs préférés, Martin Luther King, de qui il n’a de cesse d’apprendre que : « Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots » ; ou encore de Dostoievski, que : « Un homme est malheureux parce qu’il ne sait pas qu’il est heureux ». Et Serge Doka sait être heureux au sens large du terme.
Pourtant, lorsque le quadragénaire se taille, comme à son habitude, un de ces costumes de dernière couture, il est alors aisé d’identifier le « grand prof » ou « monsieur le recteur » devenu « monsieur le directeur », comme aiment affectivement l’appeler les étudiants. Pr Serge Doka Yamigno est désormais directeur de l’Ensmip de l’université de Maroua à Kaélé. Il a d’abord été Vice-recteur chargé des enseignements, de la Programmation et du développement des Technologies de l’information et de la communication (VR-Pdtic) et vice-recteur chargé de la recherche, de la coopération et des relations avec le monde des entreprises, de 2015 à 2022 à l’université de Ngaoundéré. Bien avant, il a été directeur adjoint et chef de département de Physique de l’École normale supérieure de Maroua en 2009, après son passage au grade de chargé de cours en 2008. Une promotion qui survient juste une année après son retour au Cameroun, nanti d’un doctorat obtenu à l’université libre de Berlin, le 30 octobre 2006. Il aura déjà obtenu en 1999, son DEA à l’université de Yaoundé. Un diplôme qui lui ouvre immédiatement les portes de la faculté des sciences de l’université de Ngaoundéré, où il est recruté comme assistant. Commence alors pour le jeune enseignant, une riche carrière académique depuis longtemps régulée par un autre de ses maîtres à penser. Il s’est toujours souvenu, comme Arthur Lewis, que : « Pour arriver à l’excellence, il faut de l’autodiscipline, il faut s’entraîner à faire et refaire les mêmes choses pendant que les autres s’amusent ». Une pensée qui l’a incité à rapidement évoluer en grade, au point d’être maître de conférences en 2013 et promu vice-recteur de l’université de Ngaoundéré à 41 ans.
Erudition
Mais l’insatisfaction intellectuelle, bien que rompu à ses charges administratives, propulse le Pr Doka au sommet de son domaine deux ans plus tard : en décembre 2017, il devient le tout premier fils de l’Adamaoua professeur titulaire des universités au Cameroun et aussi le tout premier du Septentrion au sein de la commission scientifique spécialisée en sciences physiques du comité consultatif des institutions universitaires du Cameroun. Cette promotion au grade intervient au bout de quatre ans, le temps minimum requis pour passer de maître de conférences à professeur titulaire. Dans cette mouvance, cinq enseignants-assistants de l’université de Ngaoundéré, originaires de la région de l’Adamaoua, ont été promus chargés de cours.
Et le Pr Doka, infatigable, est auteur de plus de 160 publications en sciences physiques, encadreur de nombreuses thèses depuis 2015 à l’université de Maroua et Ngaoundéré, sans compter une centaine Master et Dipes 2 à Ngaoundéré et Maroua. « Je ne pouvais m’imaginer un jour qu’à la force des détails notés depuis ma naissance, je serais à ce niveau. J’ai arpenté pendant sept années, les routes poussiéreuses menant au seul lycée de Meiganga, avant de déposer en 1993, à la suite de l’obtention d’un bac C, mes valises sur la colline du savoir à Ngoa-Ekelle », confie le vice-recteur. C’est que le Pr Serge Doka est né le mardi, 03 septembre 1974 à 7h45 dans la ville de Mora. Le physicien inculque au quotidien l’attachement à la précision, qu’il doit à ses parents, à ses trois enfants. D’ailleurs, il les a déjà dotés d’un héritage : leur mère. S’appuyant sur ce détail que lui a légué Jean Rostand, à savoir, « tout ce que nous pouvons pour nos enfants, c’est de bien choisir leur mère », Serge Doka a donc bien choisi le médecin-pédiatre Hélène Kamo Selangai. Une épouse dont l’œillade prédispose son « directeur » d’époux à bien de lauriers futurs.