apprenant à l’école supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication (Esstic).
Propos recueillis par N;N
Vous êtes prêtre étudiant à l’Esstic, comment parvenez-vous à concilier vos deux vies ?
Tout en étant étudiant, je vis aussi ma vie de prêtre. Le fait d’être étudiant ne m’enlève pas mon statut de prêtre. Je vis mon sacerdoce normalement. La seule différence est que je ne suis pas dans une paroisse ici à Yaoundé. Je loge à la Conférence épiscopale nationale du Cameroun à Mvolyé. Ma vie d’étudiant ne m’empêche pas de faire mes oraisons, de célébrer les messes là où je suis et dans les communautés religieuses en semaine et en paroisse les dimanches. L’étude est venue juste remplacer certaines tâches que j’accomplissais comme prêtre en paroisse. L’étude ne m’empêche pas de célébrer la messe le matin avant d’aller à l’école ni le soir après les classes. Et bien que les études justifient ma présence à Yaoundé, elles ne doivent pas prendre le dessus sur ma vie de prêtre. Ce temps d’étude m’aide à pouvoir plus approfondir ma vie de prêtre. Car le prêtre, c’est celui qui n’a jamais cessé de se cultiver. Mes journées en semaines (lundi à vendredi) sont occupées par les études. Mon week-end, je le consacre à ma mission de prêtre : accompagnement, rencontre avec les fidèles, recollections et célébrations eucharistiques.
Pourquoi avoir choisi la filière journalisme au lieu d’édition par exemple ?
Le journalisme même sans le connaître avant, je l’avais pratiqué à la manière des profanes bien sûr. Dans les lycées et les maisons de formations où je suis passé, j’ai toujours occupé ce poste. Je faisais parti de club journal du Petit Séminaire Saint Paul de Guider, de la Propédeutique Sainte Joséphine Bakhita de Ngaoundéré, du Grand Séminaire Saint Augustin de Maroua. Je m’intéressais aussi à tout ce qui a trait au journalisme dans mon diocèse avant l’Esstic. Le choix était déjà là sans que je ne le sache. Et l’envoie aux études m’a permis de mettre la main sur la filière mère de l’Esstic. Les autres filières sont les filles de la filière journalisme. En filière journalisme, on touche à tout : presse écrite, radio, télévision et cyberjournalisme. En optant pour cette filière, j’ai voulu être un journaliste « SHIVA », ce dieu hindou qui a six mains et trois yeux qui lui permettent d’accomplir de multiples tâches et de voir de tous les côtés. Cette filière me permet de toucher à tout, pas seulement toucher, mais de maîtriser au possible. Je veux être complet. Et au sein de notre Eglise Mère, on a tous ces médias. En journalisme, on y fait aussi les métiers connexes : publicité, communication des organisations, édition même si ce n’est pas approfondi.
Votre profession de prêtre vous octroie-t-elle des avantages quelconques au sein de l’établissement ?
Je ne suis pas allé à l’Esstic comme prêtre, mais comme étudiant qui veut apprendre. Je ne crois pas que tous les professeurs savent que je suis prêtre. Il n’y a que quelques personnes curieuses et attentives. Au sein de l’établissement, je ne suis pas traité comme prêtre, mais comme étudiant et c’est normal. Vous comprenez qu’il n’y a pas d’avantages à octroyer à mon endroit parce que je suis prêtre. L’établissement me traite comme tout étudiant de l’Esstic. On m’appelle par mon nom, on est soumis au même traitement. Ma casquette de prêtre, je la porte en dehors de l’établissement. A l’école, ma casquette est celle de tout étudiant venu apprendre à l’Esstic.
Quels rapports entretenez-vous avec vos camarades ? Sollicitent-ils souvent des confessions ?
Je suis vu sous divers angles par mes camarades. Pour certains, je suis camarade. Pour certains encore, je suis grand frère. Il faut noter que je suis le président et l’ainé de ma promotion. C’est pour cela qu’ils m’appellent Ancien. Certains d’entre eux sont mes enfants de très loin. Pour d’autres, je suis prêtre. Toutes ces visions de ma personne se vivent le jour au jour dans nos relations avec mes camarades. Mais moi, je me considère comme leur camarade, leur ainé. C’est pour cela que j’ai une lourde charge. Et je dois garder à l’esprit que le bon exemple doit toujours venir de moi. J’ai une telle proximité avec eux tous au point de ne pas savoir parfois que je suis prêtre. Certains ont du mal à faire la différence entre le prêtre et l’étudiant que je suis. Ils sont d’ailleurs mes « complices ». Certains de mes camarades viennent vers moi pour des questions spirituelles et pour des conseils. D’autres sollicitent la confession et les messes, hors de l’établissement bien sûr. Nous menons une vie de famille avec mes camarades.
Vous êtes au niveau 2, vous finissez l’année prochaine. Ce sera quoi la suite ? Vous allez exercer comme journaliste ?
Certainement oui puisque je le serai pleinement. Mais il y a plusieurs façons d’exercer ce métier. Être journaliste ne veut pas nécessairement dire aller sur les plateaux de télévision ou à l’antenne pour présenter les émissions ou aller sur le terrain pour couvrir les évènements. Être journaliste, c’est d’abord maîtriser les techniques de collecte et de traitement de l’information en suivant la déontologie journalistique. C’est savoir informer, savoir communiquer et savoir exercer ce métier. Aujourd’hui, la communication est devenue la chose la plus usitée dans toutes les couches de société. Et au milieu de tout ce qui se passe dans la société, l’Eglise a aussi son mot à dire. Et donc c’est important pour l’Eglise de former des personnes pour s’occuper de cette branche d’activité en son sein. Elle ne doit pas être à la marge de ce qui se passe dans la société. C’est pour cela que les diocèses cherchent à former des personnes dans ce sens. Les diocèses et les congrégations religieuses sont bien organisés et possèdent en leur sein tous les médias : presse écrite, radio, télévision et font aussi dans le numérique (internet). Il faut donc des personnes pour s’occuper de ces différents médias. Donc, après ma formation, je rentre dans mon diocèse pour me mettre à son service.
De quel diocèse êtes-vous ? Et depuis combien d’années êtes-vous prêtre ?
Je suis prêtre diocésain du diocèse de Maroua-Mokolo. J’ai été ordonné prêtre le 13 novembre 2010 dans la paroisse Saint Jean Baptiste d’Ouzal par Monseigneur Philippe STEVENS, évêque émérite du diocèse de Maroua-Mokolo. Je suis à ma 11ème année de prêtrise.