Alliance Merveille Bahoken, A 16 ans, cette camerounaise a reçu le premier prix d’un concours organisé par l’ABC et Unicef.
Par Simone Eyada
C’est un rêve qui devient réalité pour Alliance Merveille Bahoken. Elève en classe de 1ère Chinois au lycée de Nkolbisson à Yaoundé au Cameroun, la jeune dame est lauréate du concours organisé par l’association des blogueurs du Cameroun (Abc) et l’organisation des nations unies en charge de l’amélioration et la promotion de la condition des enfants (Unicef). Intitulé « Baissez vos armes, c’est mon stylo ! », l’adolescente de 16 ans a été informé du concours, trois jours avant la date limite, « sur le statut WhatsApp d’un ami ». Passionnée de littérature, surtout de poésie, elle s’est consacrée quatre heures, pour pondre ce poème poignant. A sa lecture, il hérisse le poil, titille l’iris et fait naitre la larme, qui échoue sur les joues. Faire entendre sa voix, grâce à sa plume, cette native de Yaoundé l’a fait. Et l’inspiration du massacre de Kumba l’a inspirée. Ce, avant que « le concours ne soit lancé », confesse la lauréate. La récompense, elle l’a reçue le 20 novembre dernier à l’occasion de la journée mondiale de l’enfance, au siège de l’Unicef à Yaoundé, tout comme Régine Ngolo, élève au lycée de Bonabéri à Douala, (2ème ), et Terence junior Fogoum Nzowa, élève au G.B.H.S de Bamendjou, à l’Ouest (3ème).
Je veux vivre !
Je veux construire mon avenir !
Je veux aller à l’école !
Je veux étudier !
C’est comme si j’y étais. Depuis ce jour, à chaque fois que je me trouve à l’ecole, je vous imagine débarquer munis de vos armes.
Une fois en salle, vous braquez vos armes sur nous et vous les armées. Nos stylos impuissants glissent et tombent car nos mains dégoulinent de sueur. Nous voyons nos espoirs s’envoler, nos si courtes vies défiler et nos rêves s’évaporer.
Nous fixant droit dans les yeux, Vous tirez sur mes camarades, vous égorgez certains. J’entends des cris et des pleurs. Certains appellent leurs parents et d’autres l’enseignant pourtant il est claire que personne ne viendra à notre secours. Face à ces armes nous n’avons que nos stylos.
Patiemment et effrayée, j’attends mon tour car je sais qu’il arrivera. Vous tirez sur moi, mais par chance, je survis. Gisant dans le sang avec des larmes aux yeux je repense à ce titre «Enfant soldat» d’OTTOU Marcellin et je cherche en vain à attraper mon stylo pour laisser une lettre à ma maman. Je veux qu’elle dise au monde entier que nous sommes des enfants innocents morts tragiquement dans un temple du savoir transformez en champ de guerre.
Pour moi, ce n’est qu’une vue d’esprit, si seulement cela pouvait être ainsi pour eux.
Vous avez réussi à semer le trouble et la douleur dans mon esprit. Pauvre petit esprit qui n’avait rien fait. Qui ne demandait qu’à étudier, à réussir.
Le Cri d’une jeune fille
J’ai aussi le droit à l’éducation,
j’ai aussi le droit à la vie.
La peur, le noir et la douleur envahissent le cœur de mes yeux, désormais, sur le chemin de l’école je redoute la fureur de vos armes.
Baissez vos armes !
Nous n’y sommes pour rien.
Epargnez nos vies car nos écoles ne sont pas des temples de guerres mais du savoir
Je veux juste aller à l’école, mais le sang qui a coulé de part et d’autres comme un volcan en feu, à la place de l’encre de nos stylos sur une feuille blanche a englouti nos rêves d’enfants.
Je veux juste apprendre mais j’ai vu des larmes, des cris et des lamentations qui ont maculé de rouge les cahiers blancs de l’innocence et j’ai perdu mes camarades.
Tous les jours je vis dans la peur qu’on m’arrache mon droit à l’éducation, dans la peur qu’on me prive du savoir, de la connaissance et dans la peur qu’on mette fin à mon existence.
NON NON NON à l’extermination de notre avenir, le droit à l’éducation m’appartient, nous appartient.
Les sourires que vos crimes ont emportés dessineront à jamais dans nos cœurs de grands arcs de l’espoir pour nous, l’avenir de notre chère Patrie.