Sur les 600 enseignants ayant immigré d’après un communiqué de la ministre Camerounaise en charge des Enseignements secondaires, plus de 260 étaient en postes dans cette région.
Par Nadine Ndjomo
C’est l’une des informations qui fait les choux gras de la presse camerounaise depuis ce matin. La liste de 600 enseignants absents de leurs postes de travail depuis des mois pour certains, et des années, pour d’autres. En sus d’être « déserteurs », la particularité de ces enseignants, si on s’en tient au communiqué signé le 30 juin dernier par Nalova Lyonga, la ministre camerounaise en charge des Enseignements secondaires, est qu’ « ils se trouveraient hors du territoire national ». Toujours dans ledit communiqué, la ministre demande à ces enseignants adeptes de l’école buissonnière ou de l’absentéisme caractérisé de se « présenter dans son département ministériel, direction des Ressources humaines, porte 507 au bureau des bons de caisse, dans un délai de sept jours à compter de la date de signature du présent communiqué, munis de toutes les pièces justificatives de leur position administrative actuelle, faute de quoi des mesures disciplinaires seront prises à leur encontre », prévient Nalova Lyonga.
Combien seront-ils à répondre à l’appel de la ministre ? « aucun », répond sans ambages, un inspecteur pédagogique d’histoire. Pour lui, le fait que la ministre recense le nombre d’enseignants absents est une initiative louable, mais le véritable problème est ailleurs : les causes de l’immigration. « Pour quelles raisons sont-ils partis ? Une fois qu’on a répondu à cette question, on peut trouver des solutions. Car, une fois le diagnostic posé, connaissant déjà le mal, c’est plus facile de réduire ce chiffre qui parait exorbitant, mais qui ne l’est pas », pense-t-il. Car à la réalité, les 600 enseignants signalés ne sont que la face visible de l’iceberg. « Les enseignants ayant immigré excédent 600. Ils vivent à l’étranger, mais continuent de percevoir leur salaire tous les mois. C’est ainsi. Et ils le font parfois, avec la complicité de certains responsables d’établissements. Tous ne sont pas de mèche avec leurs enseignants », souffle un responsable au ministère des Enseignements secondaires.
Plus de 260
Mais le fait est là. Ces enseignants sont absents. En quête d’un avenir meilleur, ils sont nombreux à prendre le chemin de l’exil pour certains et de l’aventure pour d’autres. « Au Cameroun, les enseignants sont mal rétribués. Et ce, même si on est à la catégorie A2. Ça ne représente rien. Que peut-on faire avec 250 mille Fcfa par mois , avec la vie qui devient de plus en plus difficile. C’est impossible de vivre ainsi. Or en Europe, au Canada, la vie est certes chère, mais les salariés sont bien rémunérés. On peut rêver, on peut réaliser. Et le salaire du pays, on l’utilise pour aider la famille restée au pays », confie l’une des 600 enseignante épinglée par Nalova Lyonga.
A côté de cela, il y a d’autres causes, dont l’insécurité dans les régions septentrionales avec les enlèvements dans l’Adamaoua et le Nord, les exactions de Boko Haram dans l’Extrême-Nord et ses conséquences , la crise dans les régions anglophones Nord-Ouest et Sud-Ouest, qu’il ne faut pas omettre. Car, tous ces maux ont contribué ou contribuent à l’immigration des enseignants. D’ailleurs, comme illustration, sur les 600 enseignants concernés par le communiqué de Nalova Lyonga, plus de 260 sont du Nord-Ouest. C’est d’ailleurs la première région du Cameroun dont les enseignants manquent le plus à l’appel. La région du Centre occupe le deuxième rang, avec près de 115 enseignants. Suivie du Sud-ouest avec près de 60 enseignants absents, le Littoral plus de 40, l’Adamaoua 35, l’Ouest 29, la région de l’Est 7, le Nord près de 17, l’Extrême-Nord, 20. Il convient de rappeler que ces personnels ont été signalés hors du Cameroun, à l’issue de la première phase comptage biométrique et physique. La deuxième arrive.