
recteur de l’université de Maroua (Cameroun).
Interview réalisée par Nadine Ndjomo et J.A
Quel est l’état des préparatifs de la rentrée académique à l’Université de Maroua ?
Signalons que la rentrée universitaire mieux administrative a eu lieu depuis le 6 septembre 2021 à l’Université de Maroua et que celle académique ciblée par votre question est fixée au mardi 05 octobre 2021. Parlant de la rentrée académique proprement dite, les activités ci-après ont déjà été réalisées : le calendrier académique a été élaboré et donc disponible sur le site de l’université de Maroua (www.univ-maroua.cm), les préinscriptions ont été ouvertes depuis le 6 septembre 2021 telles que prescrites par le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, chancelier des Ordres Académiques. Il faudrait dire qu’à ce niveau, l’innovation, c’est la dématérialisation complète de cette opération sur une plateforme opérationnelle http://preinscription.univ-maroua.cm pour les établissements facultaires classiques que sont la faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, la faculté des Sciences, la faculté des Sciences Economiques et de Gestion et la faculté des Sciences Juridiques et Politiques tout comme les conditions de préinscription qui sont également sur le site web de l’université de Maroua www.univ-maroua.cm ; la production des prospectus et autres documents d’information sur les filières de formation ; le démarrage des visites médicales systématiques ; l’activation du plan de communication institutionnelle dans les tranches d’antenne y relatives tant au niveau local que national et par les réseaux sociaux ; la publication des communiqués portant ouverture des concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure (épreuves écrites du 7 au 8 octobre 2021) ; à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua (épreuves écrites du 2 au 3 octobre 2021), à la Faculté des Mines et des Industries Pétrolières (épreuves écrites le 15 octobre 2021) et à la Faculté des Sciences s’agissant de la Licence Professionnelle en Sciences de Réhabilitation Fonctionnelle et Sociale ; la planification des nettoyages des Campus avec une focalisation sur la réactivation du dispositif de lutte contre la Covid-19 ; l’attribution des enseignements pour le compte de l’année académique 2021/2022 en même temps que l’élaboration des emplois de temps. Enfin, la réunion de la Commission de Coordination universitaire convoquée par Son Excellence, monsieur le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement Supérieur, chancelier des Ordres Académiques le 28 septembre 2021 donnera sans doute au niveau national le ton de cette rentrée universitaire 2021/2022.
Existe-t-il de nouvelles offres d’enseignement par rapport à l’année académique écoulée ou alors, doit-on s’attendre à certaines innovations ?
Bien évidemment et surtout dans le sens de l’innovation et du pragmatisme. Prenons l’exemple des parcours classiques, à la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, il s’agit de la création et l’ouverture d’une licence et d’un master recherche en sciences du patrimoine et tourisme au département des sciences historiques, archéologiques et du patrimoine ; d’un master recherche en communication au département des sciences du langage. A la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques, il question d’un master recherche en droit international et communautaire au département de droit public international tandis qu’à l’Ecole Normale Supérieure, a été créé et autorisé à ouvrir un master recherche en études italiennes au département de langues étrangères. Sur le plan de la recherche, un premier volet concerne la création et l’ouverture d’un laboratoire d’anthropologie visuelle et cinéma au département de sociologie, anthropologie et sciences du patrimoine et d’un laboratoire d’esthétique et création artistique au département des arts du spectacle et des beaux-arts de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines ; d’un laboratoire de géomatique, territoire, environnement et développement au département de géographie à l’Ecole Normale Supérieure. Le deuxième volet a trait à la création des revues scientifiques et sous cette rubrique, nous pouvons citer la sahelian journal of engineering and applied sciences logée à l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua, celle du Centre d’Etudes et de Recherches en Education de l’Ecole Normale Supérieure et un bulletin d’analyses stratégiques au Centre d’Etudes et de Recherches en Paix, Sécurité et Intégration de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines en sus d’une revue scientifique. Le troisième volet cible la proposition de création du Centre de Recherches en Météorologie pour le Développement au département de météorologie et de climatologie de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua à Kousseri.
L’effectif des étudiants de l’université de Maroua croît au fil des ans ; combien d’apprenants espérez-vous accueillir cette année et comment comptez-vous gérer le problème d’infrastructures académiques ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de faire une sorte de bilan statistique de l’année académique 2020/2021 et dire que sur le plan strictement académique, le bilan est satisfaisant étant donné que toutes les activités projetées dans le calendrier dressé à cet effet ont été réalisées. Relevons que les effectifs des étudiants sont en progression constante car nous avons enregistré 32701 étudiants en 2020/2021 soit une augmentation de 4607 étudiants en valeur absolue par rapport aux 28094 étudiants inscrits en 2019/2020. En rappel, l’augmentation était de 3213 étudiants au regard des 24881 étudiants répertoriés en 2018/2019. De manière précise, cet effectif est réparti ainsi qu’il suit dans les sept établissements que compte l’université de Maroua à savoir la faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (12609) ; la faculté des Mines et des Industries Pétrolières (1623); la faculté des Sciences (5919); la faculté des Sciences Economiques et de Gestion (4390); la faculté des Sciences Juridiques et Politiques (4316); l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua (2162)et l’Ecole Normale Supérieure (1682). Le taux de couverture des enseignements a été au-dessus de 95% dans tous les établissements et le nombre de diplômés s’élève à 2391 parmi lesquels 65 titulaires de PhD. Notons au passage que depuis 2019, 229 thèses de doctorat ont été soutenues à l’Université de Maroua dans les six unités de formation doctorale de l’Ecole Doctorale à savoir : « Littératures, Langues et Sciences du Langage (LLSL) » ; « Sciences Fondamentales (SF) » ; « Sciences Economiques et de Gestion (SEG) » ; « Sciences Juridiques et Politiques (SJP) » ; « Sciences de l’Homme et la Société (SHS) » et « Sciences de l’Ingénieur ». Bien plus, à la fin de l’année 2020-2021, l’UMa a établi depuis sa création 40386 diplômes dont 29000 diplômés de l’Ecole Normale Supérieure, près de 7000 ingénieurs issus de l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua et la Faculté des Mines et des Industries Pétrolières et 3000 titulaires de la licence dans les établissements facultaires classiques. On peut aussi estimer à plus de 96% le taux d’insertion des jeunes diplômés de l’université de Maroua, vu le caractère professionnel de leur diplôme et la grande proportion des professeurs et conseiller d’orientation issue de l’Ecole Normale Supérieure. L’Université de Maroua dispose de 673 enseignants permanents en prenant en compte la deuxième phase de l’opération du recrutement spécial des titulaires de doctorat et de PhD autorisée par le Chef de l’Etat. A cet effectif et en termes d’encadrement des étudiants, il faudrait ajouter d’autres figures très importantes dans le domaine de la formation que sont les enseignants missionnaires, les vacataires, les moniteurs, les attachés d’enseignement et de recherche et les professionnels et à qui je voudrais témoigner toute la gratitude de la communauté universitaire de Maroua. Permettez que nous puissions faire quelques projections en 2021/2022 quoiqu’il s’agisse à ce niveau d’un bilan car il est question de l’assurance-qualité dont un des critères est le ratio d’encadrement. Au terme de l’opération du recrutement spécial des titulaires de doctorat ou PhD, l’Université de Maroua pourrait se rapprocher d’un ratio de (01) enseignant pour 32 étudiants (733 enseignants permanents + près de 250 autres acteurs pour un effectif de 40.000 étudiants) assez proche de celui de l’UNESCO en la matière (1/25). Par ailleurs et en rapport avec la crise sanitaire actuelle due à la propagation de la pandémie du coronavirus, des mesures de prévention et de lutte mises en place et déjà éprouvées dès 1er juin 2020 ont été maintenues au démarrage de l’année académique écoulée avec des réajustements là où des petites faiblesses ont été observées. Mais en ayant enregistré zéro décès répertorié dans la communauté universitaire active face à cette pandémie, il y a lieu d’être satisfait tout en étant très vigilant d’autant que les signaux émanant des acteurs consacrés à cette lutte montrent avec insistance la nécessité de respecter de manière rigoureuse les mesures édictées par le Gouvernement avec une option primordiale qui est la vaccination. Ainsi, au regard du taux exceptionnel de réussite au baccalauréat de l’enseignement secondaire général en 2021, l’Université de Maroua pourrait recevoir presque le double de son effectif de l’an dernier s’agissant de nouveaux étudiants. Nous projetons atteindre le chiffre de 40.000 étudiants pour cette année académique 2021/2022 ce qui ferait une augmentation en valeur absolue de 7.299 étudiants. Dès lors, la question de la massification des effectifs ne pourrait être éludée. Mais des actions concrètes sont envisagées pour remédier à certains problèmes qui pourraient survenir surtout en termes infrastructurels. Par exemple, nous avons bon espoir de relocaliser l’Ecole Nationale Supérieure Polytechnique de Maroua sur un site prêt à l’emploi et ultra sécurisé situé à la sortie de la ville de Maroua en allant vers Mora, ce qui donnerait une certaine respiration aux autres établissements situés sur le Campus de Ouro-Tchédé. Signalons que sur le Campus de Kongola-Djoulgouff-Kodek, des espaces modulables et fonctionnels sont en cours d’achèvement afin d’être affectés aux étudiants du niveau 1 en licence des établissements facultaires classiques selon la politique de la gestion des cohortes. Egalement au niveau de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, il a été envisagé des solutions concrètes de décongestion. Aussi, en capitalisant sur les mesures alternatives déjà expérimentées et toujours en vigueur pour faire face à la menace du coronavirus, avons-nous décidé d’amplifier la digitalisation de nos activités surtout celles académiques – rappelons que sur le plan administratif et au niveau rectoral, les réunions y compris celles statutaires sont systématiquement convoquées sur le régime distanciel-. Nous aimons à le répéter, l’UMa a déjà bénéficié de 32.821 PBHeV, don du Chef de l’Etat aux étudiants de l’Université de Maroua et leur distribution méthodique aux étudiants bénéficiaires se poursuit. En combinant toutes ces astuces et méthodes tout en sachant qu’en même temps, les autorités étatiques continuent de gratifier l’UMa des appuis généreux en matière de gouvernance infrastructurelle, nous sommes optimistes pour cette nouvelle rentrée universitaire.
Quelle place l’université de Maroua accorde-t-elle à la professionnalisation des enseignements ?
Deux rappels s’imposent au sujet de la « professionnalisation » des enseignements : c’est une option étatique d’une part et d’autre part, elle cible les établissements facultaires classiques. Traduite dans les faits, cette double option a fait son chemin et le bilan est satisfaisant à l’université de Maroua ; En termes d’illustration et en rapport avec les formations professionnalisantes, il a été autorisé, pour cette année académique 2021/2022, la création et l’ouverture d’une licence professionnelle trilingue/traduction et interprétariat au département de lettres bilingues de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines mais également un master professionnel en droit et administration de la santé à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques. Aussi et sous le régime de la professionnalisation, un exemple apparaît-il comme une priorité absolue à l’UMa, à savoir : la licence professionnelle en réhabilitation sociale et fonctionnelle, rendue à sa 4ème cuvée en cette année universitaire 2021/2022. Mise en place par une convention de partenariat entre le Ministère des Affaires Sociales, l’Association italienne AIAS di Afragola-Université de Naples et l’université de Maroua, cette formation couvre cinq domaines que sont l’orthopédie, l’orthophonie, la kinésithérapie, la réhabilitation sociale et fonctionnelle et la neuro-psycho-motricité. La création du Centre Régional de Réhabilitation des Personnes Handicapées à Maroua par le Chef de l’Etat le 19 septembre 2020 donne une visibilité toute particulière à cette formation professionnelle unique sur le plan national et sous régional et les ressources humaines qualifiées provenant de l’UMa pourraient y exercer aisément.
Y a-t-il des innovations cette année à l’UMa ?
Ayant privilégié l’innovation comme principe de gouvernance, nous mettons un point d’honneur à la recherche des solutions pouvant rendre efficaces nos actions. C’est ainsi que l’innovation majeure cette année sur le plan académique, c’est la dématérialisation complète des pré-inscriptions ouvertes depuis le 6 septembre 2021 à l’Université de Maroua conformément au calendrier académique défini par le Ministère de l’Enseignement Supérieur. Comme nous l’avons déjà indiqué, la plateforme opérationnelle s’agissant des pré-inscriptions concernant les établissements facultaires classiques est la suivante http://preinscription.univ-maroua,cm (à date, 2500 nouveaux étudiants se sont déjà pré-inscrits et 2000 ont achevé leur inscription). L’enjeu majeur cette innovation est la maitrise des effectifs et les conséquences positives qui en découlent. Egalement comme innovation commune à toutes les Universités d’Etat, c’est la mise en service des Centres du Développement du Numérique Universitaire, l’autre composante du don du Chef de l’Etat arrimée aux PBHeV. Il s’agit là d’un tournant dans la gouvernance académique et heuristique de nos Universités en les plaçant dans une situation d’autonomie digitale et des laboratoires du e-learning mieux des amphithéâtres virtuels. L’ajustement requis du binôme enseignant-étudiant est impératif pour une meilleure appropriation des fonctionnalités et avantages immenses qu’apporteront ces Centres du Développement du Numérique Universitaire ; nous n’avons pas de doute que les uns et les autres comprendront et adhéreront massivement à cette vision du Chef de l’Etat. Mentionnons aussi cette innovation : l’harmonisation par la réduction à 50% des frais de pré-inscription faisant écho à la politique gouvernementale plaçant la région de l’extrême-nord comme une zone économiquement sinistrée. Il est question de viser les couches les plus défavorisées et de rendre possible par l’équité, leur accès à l’Université. Au niveau des établissements facultaires classiques, il est question de limiter les déperditions au niveau des pré-inscriptions tout en capitalisant sur le nombre d’inscrits. Me permettrez-vous d’insister sur la sécurisation physique de nos campus qui a commencé depuis 2018 par celui de Kongola-Djoulgouff-Kodek : c’est ainsi que le Campus de Ouro-Tchédé a bénéficié de la construction d’un mur d’enceinte de 2,5 m de hauteur sur plus de 500 m de longueur devenant de ce fait un espace quasiment clos et à l’abri des déprédations animales et humaines.