psychologue de l’éducation.
Propos recueillis par Rose Nang
Quel est l’âge requis pour envoyer un enfant à l’école maternelle?
Selon la loi n°98/004 du 04 avril 1998 portant orientation de l’éducation au Cameroun, l’âge requis pour l’entrée à l’école maternelle est de 04 ans. Deux ans après, c’est-à-dire à 06 ans, l’enfant devrait faire son entrée à la SIL (Section d’Initiation à la Lecture). Cet âge a été défini certainement en fonction du développement intellectuel de l’enfant tel que défini après plusieurs années d’étude dans les années 1900.
Cependant, il faut prendre en compte les autres paramètres qui influencent significativement le développement de l’enfant. Il s’agit entre autres:
-des différences interindividuels: certains enfants se développent naturellement un peu plus rapidement ou lentement par rapport aux autres;
– le niveau de stimuli auquel l’enfant est exposé: les études ont montré que l’avènement des nouvelles technologies a influencé négativement ou positivement le niveau de développement de l’enfant en fonction du degré d’exposition.
Ces facteurs peuvent donc anticiper ou retarder l’entrée d’un enfant à l’école.
On observe de plus en plus, des parents qui scolarisent leurs enfants à 2 ans. A cet âge, l’enfant a-t-il des capacités pour retenir ce qu’on pourra lui apprendre à l’école?
L’entrée à l’école n’est pas une fantaisie. L’enfant a besoin d’acquérir un niveau de maturité minimal sur les plans affectif, physique, social et intellectuelle. Il peut arriver qu’à 2 ans, à cause du niveau de stimulation très élevé (jouets diversifiés et riches, téléphones, tablettes et télévision, la fratrie à la maison, …), l’enfant démontre une maturité mentale qui indique qu’il peut déjà aller à l’école. Cependant, le développement de l’enfant se veut équilibrer: est-ce qu’il y a eu véritablement détachement entre la mère ou son substitut et l’enfant à l’âge de 2 ans? Rarement c’est le cas. Ce qui pourrait être l’origine de plusieurs souffrances psychologiques plus tard. En outre, à 2 ans, la personnalité de l’enfant n’est pas encore mise en place. Il serait extrêmement difficile pour lui de s’intégrer dans le groupe de pairs à l’école. La première crise identitaire qui survient généralement vers 03 ans risquerait de causer plutôt d’énormes difficultés à l’enfant avec des répercutions sur les plans social et intellectuel.
Pour bien accompagner ces tout-petits, quels backgrounds doivent avoir les enseignants ?*
Au Cameroun, les enseignants des écoles maternelles et primaires sont sensés avoir suivi une formation professionnelle à l’Enieg (École Normale des Instituteurs de l’enseignement Général). La fin du parcours de formation est sanctionnée par le Capiem (Certificat d’Aptitude Professionnelle des Instituteurs de l’enseignement Maternelle et Primaire).
Sur le plan légal, cette condition suffit pour prendre soin des enfants. Mais le travail d’enseignant (des tous petits) est extrêmement exigent. L’enseignant doit avoir une intelligence interpersonnelle, intra personnelle et langagière assez développée. Cela signifie que l’enseignant doit bien se comprendre soi-même, être capable de tisser rapidement et efficacement les relations avec chaque enfant, adapter son langage à leur niveau. En plus, ceux-ci doivent être assez attentionnés, ouverts, accessibles, maternels pour pouvoir identifier et répondre de manière adéquate aux besoins des enfants. Notons que le plus grand besoin des tout petit est affectif.
Comment doit-on les accueillir les premiers jours?
Pour les maternelles, c’est extrêmement compliquer pour les tous petits (séparation brusque avec la figure d’attachement et le premier milieu naturel de vie qu’est la famille). Les enseignants de maternelle ont besoin de créer un environnement qui est semblable à celui de la maison (pour les maisons normales): sécurisant, chaleureux, riches en stimulation, propre et beau. Ils doivent ainsi prolonger le rôle de la mère à l’école.