La sous scolarisation de la jeune fille dans les trois régions septentrionales est une réalité qui est à déplorer.
La sous-scolarisation et la déscolarisation sont les principaux problèmes qui empêchent l’accomplissement de l’éducation, surtout chez les jeunes filles. De manière général, 71,6% de jeunes filles camerounaises souffrent d’analphabétisme. Et, selon les données de l’institut statistique de l’Unesco publiées en 2016, 31,9 % de filles âgées entre 10 et 19 ans seulement dans la région du Nord Cameroun sont touchées par cette sous scolarisation.
Ainsi, la sous scolarisation de la jeune fille dans les trois régions septentrionales est une réalité qui est à déplorer car dans ces régions, la jeune fille est généralement faite pour aller mariage. Estimées à plusieurs millions, ces filles victimes de sous scolarisation font face à de nombreux problèmes qui les empêchent de suivre librement les enseignements. Notamment les grossesses et les mariages précoces mais aussi le manque de moyen financier. Sans oublier la crise sécuritaire de Boko Haram qui a beaucoup contribué à la déscolarisation de celles-ci. Car les jeunes filles qui étaient scolarisées se sont vues contraintes d’abandonner face aux exactions de cette secte qui détruit les établissements scolaires depuis plusieurs années.
Pourtant, certains responsables de la communauté éducative se réjouissaient du fait que la sous scolarisation de la jeune fille s’était considérablement améliorée. Et la situation avait évolué avec l’organisation des campagnes de sensibilisation qu’ils effectuent auprès des familles et des chefs religieux pour encourager la scolarisation de la jeune fille dans les trois régions septentrionales. « Effectivement ces dernières années, la sous scolarisation de la jeune fille a connu une nette évolution. Ceci s’explique par le nombre croissant de jeunes filles dans les écoles primaires, lycées et collèges.
Avec les compagnes de sensibilisation des familles et des chefs religieux qui sont organisées par la communauté éducative, le nombre de filles enregistré dans les établissements est en augmentation. Car dans le Mayo-Banyo, pour le compte de l’année scolaire 2017/2018, les établissements scolaires ont enregistré 3721 filles scolarisées. Tandis que l’année scolaire 2018/2019, ils ont enregistré 4141 filles scolarisées. Et pour l’année scolaire en cours on attend encore les chiffres », indique Marc Noel Nono’o, chef du Service des Sports et des Activités Post et Péri Scolaires par intérim à la Délégation Départemental des Enseignements Secondaires du Mayo-Banyo. Cependant, le chemin à parcourir est encore long pour atteindre un niveau assez raisonnable de scolarisation dans ces zones.
Par ailleurs, pour soutenir l’action du gouvernement qui encourage l’éducation de la fille dans ces trois régions septentrionales, la Banque mondiale a octroyé 70 milliards de Francs à l’Etat camerounais pour « étendre l’accès de tous à un enseignement de qualité et renforcer des programmes de développement des compétences visant particulièrement les filles », précise le communiqué de presse de la Banque mondiale.
Ainsi par cette action, elle entend soutenir le Cameroun en augmentant le nombre d’élèves inscrits dans les établissements d’enseignement secondaire général et relever par la même occasion le nombre de fille qui fréquentent lesdites établissements dans les régions défavorisées. C’est alors que 300 000 élèves vont bénéficier de ce projet. Une opération qui vient en complément du projet pour l’autonomisation de femmes et le dividende démographique au Sahel (SWEDD) pour lequel le Cameroun a reçu un financement de 43 milliards de FCfa. Pour financer les activités portées par les femmes et les filles en particulier dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord et de l’Adamaoua. Ce projet interviendra en faveur des filles scolarisées dans les régions non visées par le SWEDD, à travers une exception des droits de scolarité aux filles les plus démunies des régions couvertes.
Soulignons que ce financement seul ne peut pas résoudre les difficultés que rencontrent non seulement les filles mais aussi la communauté éducative. « Le financement est une des solutions. La grande difficulté réside au niveau moral. Car dans certaines familles l’éducation de la jeune fille est interdite. C’est la raison pour laquelle une bonne sensibilisation doit être menée pour convaincre les parents d’envoyer la jeune fille à l’école », explique Marc Noel Nono’o.
Par Lititia Ngono