vice-recteur de l’Université de Toronto.
Propos recueillis par C.T
Vous occupez les fonctions de vice-recteur, vice-Provost en charge des affaires estudiantines internationales de l’Université de Toronto. En quoi consistent vos missions ?
Je m’occupe entre autres de la mobilité des étudiants, de la négociation et de la consolidation des partenariats académiques avec les universités du monde. Je m’assure que les étudiants que nous accueillons auront les meilleures expériences possibles au Canada et veille également à ce que tous nos étudiants aient suffisamment d’opportunités d’échange, de stages professionnels et d’autres types d’expériences à l’étranger. Nous avons une population de près de 95000 étudiants et dans notre nouveau plan stratégique, nous mettons tout en œuvre pour qu’en 2027, 40% d’entre eux aient une expérience internationale. La pandémie a sensiblement diminué la mobilité de nos étudiants et nous devrons atteindre puis dépasser les 27% qui participaient à divers programmes dont la durée peut aller jusqu’à une année académique.
Existe-t-il des partenariats dans ce sens avec les universités camerounaises ?
Je fais partie du vice-rectorat en charge de l’international. De ce point de vue, le Cameroun, comme de nombreux autres pays, n’est pas spécialement présent pour toutes sortes de raisons. Notre nouveau plan stratégique d’internationalisation 2022/2027 marque clairement une volonté de nous ouvrir vers d’autres partenaires potentiels. J’espère que d’ici peu, nous aurons des collaborations affirmées, mais surtout fructueuses avec les universités camerounaises. Quand j’ai été nommé à ce poste, je n’avais pas pour mandat de négocier avec des universités précises. Vu notre taille et notre rang dans le monde, nous recevons énormément de sollicitations. Très anciennes avec certaines universités, nous en développons également de nouvelles avec d’autres. De ce point de vue, en fonction des intérêts réciproques à identifier, il est envisageable que quelques partenaires camerounais que j’ai visités puissent, sur le court, moyen et long terme, engager des initiatives d’intérêts réciproques. Il y en a même pour lesquelles, il n’est pas nécessaire de formaliser une convention. Dans la culture académique dans laquelle j’évolue, les partenaires les mieux réussis et accomplis naissent souvent à partir de collaborations entre collègues travaillant sur des sujets communs. A partir de là, il est plus facile et plus efficace de passer à la formalisation par des conventions respectées.
De ce que vous avez observé dans les universités canadiennes, quels sont les créneaux porteurs aujourd’hui ?
Le Canada est l’un des pays où il fait le mieux étudier. Je me méfie des créneaux « porteurs » ; car ils dépendent des moyens et besoins de chaque société. Par exemple, l’intelligence artificielle impose de nouveaux défis au système éducatif, notamment en ce qui a trait à l’intégrité académique. Je ne suis pas certain que cela veuille dire que les jeunes Camerounais doivent tous se jeter dans cette discipline. Entre les routes enfoncées à reconstruire, notre société à repenser, les fraudes et les corruptions massives à contrer nos étudiants à former selon les normes globales, tous les créneaux sont porteurs et peuvent permettre de faire avancer l’humain et le social. Je dirais donc que toutes les filières sont porteuses. Tout dépend du potentiel de l’étudiant ou de l’apprenant. L’essentiel est que la personne qui s’engage soit excellente dans ce qu’elle fait. Chaque personne naît avec un potentiel qu’il appartient au système de faire éclore. Chaque enfant est capable du meilleur et il nous revient de l’y accompagner. Nous sommes dans un monde où la concurrence est rude. Il n’y a donc pas de place pour les moyens et les médiocres. Malgré la violence de cette concurrence, il est possible de prospérer. Vous trouverez de nombreux Camerounais excellents dans tous les domaines. En fait, la porte est ouverte pour ceux qui en ont les moyens intellectuels.