Elle a soutenu sa thèse à l’université de Ngaoundéré sur le conseil de sécurité et la CPI.
C’est la mention « très honorable » qui a été attribuée à Adjara Abdoulaye désormais Docteur en droit à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (Fsjp) de l’université de Ngaoundéré. En effet, cette jeune dame âgée seulement de 31 ans a soutenu sa thèse de doctorat PH/D le mardi 28 juillet 2020 à l’université de Ngaoundéré. Le thème de sa recherche était « le Conseil de Sécurité et la Cour Pénale Internationale ».
Un thème qui a été articulé sur deux axes majeurs à savoir l’affirmation textuelle de l’indépendance de la Cour Pénale Internationale (CPI) à l’égard du Conseil de Sécurité, et, l’analyse de la mise en œuvre problématique de l’indépendance de la CPI à l’égard du même conseil. Face aux membres du jury, Adjara Abdoulaye a fait preuve de la maitrise de son sujet à travers sa pertinence et son éloquence sur les réponses qu’elles apportaient aux questions qui lui étaient consacrées, le tout dans un sang-froid. Un travail qui n’a laissé personne indifférent.
« Je ne peux qu’être fier d’être témoin de cette merveilleuse aventure intellectuelle et scientifique. Cette fierté est d’autant plus grande que j’ai eu le privilège de présider le jury de cette belle soutenance. Madame Adjara Abdoulaye est véritablement la perle rare. Sa brillante trajectoire montre bien que l’université, l’école, d’une manière générale sont effectivement les creusets au sein desquels l’égalité des chances, principe essentiel des sociétés démocratiques, peut se réaliser », témoigne le Pr Janvier Onana, président du jury, par ailleurs doyen Fsjp de l’université de Ngaoundéré.
Pour ce dernier, la réussite de Dr Adjara Abdoulaye devra faire tache d’huile. « Sa réussite est aussi le signe d’un heureux relâchement des entraves socioculturelles qui, malheureusement, présent encore ici et là sur la scolarisation des jeunes filles. Je souhaite à la lauréate le beau destin auquel elle aspire. Je souhaite surtout qu’elle soit comme un phare pour de nombreuses autres jeunes filles », fait savoir le Pr Janvier Onana.
Dans son travail, Dr Adjara présente la Cour Pénale Internationale comme étant une institution internationale à vocation universelle qui ne saurait affirmer son indépendance si elle avait été empêchée de son pouvoir de mener des enquêtes de sa propre initiative. Selon la lauréate, les fondateurs de cette juridiction pénale internationale ont permis de voir son action mise en branle par les Etats parties ou par le procureur de sa propre initiative.
Dr Adjara Abdoulaye affirme que, le juge qui est un tiers entre les parties est le garant de cette indépendance dans la mesure où, elle participe de la définition de sa fonction. Elle s’appuie donc sur l’article 10 de la déclaration universelle des droits de l’homme qui dit « toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et impartial ». Ainsi, la crédibilité de la CPI dépend donc de la capacité du juge à ne pas se laisser influencer par le politique. C’est donc pour cette raison dit Dr Adjara, dit que la CPI est dotée d’un mécanisme juridique lui permettant d’assurer son déploiement effectif à travers sa saisine par un Etat ou sur initiative du procureur. Sa saisine par le conseil de sécurité vise donc l’universalisation de la répression des crimes internationaux.
Si Dr Adjara a réalisé son rêve aujourd’hui, c’est aussi grâce au soutien inconditionnel de son époux Ousmanou Ali. « On s’est marié en octobre 2015 année à laquelle elle venait d’avoir son masters 2. Je lui avais promis qu’elle allait poursuivre ses études jusqu’au bout. Malgré ses multiples déplacements liés à cette thèse, nous avons bravé tous ces obstacles et aujourd’hui je suis plus heureux qu’elle. Vous savez, dans notre communauté, plusieurs hommes font ce genre de promesse aux femmes lorsqu’ils sont à la conquête du cœur de la femme, mais une fois mariés, le discours de l’homme change », témoigne Ousmanou Ali, le prince charmant de Dr Adjara.
Pour ce grand informaticien au ministère des enseignements secondaires, le couronnement des études de son épouse est une assurance pour l’éducation de leurs progénitures. « Il ne faut pas qu’on se la cache. L’éducation des enfants dépend en grande partie de la femme. Nous les hommes nous sommes tout le temps dehors et nous rentrons tard. Si madame n’a pas une bonne base, l’éducation des enfants est compromise. Le rêve des parents est de voir leurs enfants aller plus loin qu’eux donc, je rêve d’avoir parmi nos enfants un agrégé », projette Ousmanou Ali. Ce rêve se réalisera certainement car Dr Adjara Abdoulaye quant à elle, rêve d’enseigner dans une université d’Etat. Elle a d’ailleurs eu la chance que sa soutenance a eu lieu 48h avant la clôture du dépôt des dossiers pour le recrutement des 2000 enseignants dans les université d’Etat lancé par le Chef de l’Etat.
Par Francis Eboa