Ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, quand il a été nommé recteur, il avait 48 ans.
Par Nadine Ndjomo
Ses propos passent rarement inaperçus. Que ce soit lors des interviews ou lors des discours d’installation d’un collaborateur du Ministère ou de son parti, le Rdpc. Ses mots sont hermétiques qu’on a parfois l’impression que le Pr Jacques Fame Ndongo s’adresse à une cible autre que celle qui l’écoute, à l’instant T. C’est sans doute son goût pour les «gros mots», qui lui vaut le petit nom de « Maradona ». Il jongle ces mots savants comme l’ancienne et défunte gloire argentine du football jonglait la balle. En réalité esthète et rhéteur, dans ce que ces mots ont de plus mélioratif, le fils de la région du Sud Cameroun, actuel ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur, est né à Nkolandom. Un petit village, dont le reflet est désormais une carte postale, qui attire de nombreux touristes.
Erudit, des indiscrétions susurrent qu’il serait l’auteur du slogan, devenu incontournable du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) : « la force de l’expérience ! », lors de la campagne présidentielle de 2018. Membre influent de ce parti politique, le patron des recteurs du Cameroun a de l’expérience, lui-même. Et oui !
Son Cv, fait baver certains et poussent les ambitieux au travail acharné. Il impose le respect et l’admiration. Car entre les mentions, bien, honorable, très bien, très honorable, précédées des rangs de majors au Bac philo-lettres en 1969 dans la région du Centre, Major d’Afrique au concours d’entrée dans les écoles françaises de journalisme en août 1969 à Paris en France, on a l’impression que l’ancien rédacteur en chef exécutif de Cameroon Tribune (1974-1978) a fait un sans faute sur le plan académique et professionnelle jusqu’ici.
Titulaire des deux doctorats, un du 3ème cycle et un d’Etat (les deux en sémiologie), l’ancien étudiant des universités de Lille III, Paris 7 Jussieu, Yaoundé, catholique de Lille, la « créature » du père, figure dans la liste des recteurs les plus jeunes du Cameroun. Né le 14 novembre 1950, Jacques Fame Ndongo est nommé recteur de l’université de Yaoundé I, en 1998. Il a alors 48 ans. Il va passer deux ans à ce poste. Du 30 octobre 1998 au 18 mars 2000. Nommé ministre de la Communication de 2000 à 2004, il rejoint le ministère de l’Enseignement supérieur, le 9 décembre 2004. Il y est donc, depuis 18 ans. A date, il figure dans la liste des recteurs les plus jeunes du Cameroun.
Pr Idrissou Alioum, actuel recteur de l’université de Maroua, il a été nommé à ce poste à 48 ans.
Une trajectoire particulière
Tout comme le Pr Jacques Fame Ndongo, le Pr Idrissou Alioum fait partie de la short-list des recteurs les plus jeunes du Cameroun. On le connait peu, parce que, très effacé. Dans le domaine universitaire, le Pr Idrissou Alioum fait pourtant partie des exceptions. Exception, parce qu’il a été nommé recteur dans une université d’Etat à moins de 50 ans. Ils sont peu au Cameroun. Exception aussi, car nommé recteur avec le grade de Maître de conférences. Certains de ses collègues estiment qu’il « ne méritait pas d’être nommé à ce poste, à cause de son grade. La plupart ou presque tous les recteurs des universités d’Etat au Cameroun, sont des professeurs titulaires. Il est certes enseignant de rang magistral, mais il n’est pas titulaire. Du coup, il ne pèse pas devant certains de ses collaborateurs.»
Né en 1969, le Pr Idrissou Alioum est nommé recteur à l’université de Maroua, en 2017. Venant du ministère de l’Enseignement supérieur où il était inspecteur, ce fils de Tcholliré, localité située dans le département du Mayo-Rey, région du Nord Cameroun, a remplacé le Pr Edward Ako Oben (nommé pro chancellor à l’université de Buéa).
Ancien étudiant de l’université de Yaoundé I, le Pr Idrissou Alioum a soutenu son doctorat d’histoire en 2006, sur la thématique de la servitude carcérale et de la domination européenne au Cameroun. Ses travaux portent sur l’histoire sociale et culturelle de l’Afrique et du Cameroun (notamment l’histoire de l’enfermement, du contrôle social et de la marginalité) ; l’histoire des pratiques et représentations esclavagistes et serviles dans les sociétés « lignagères » ; l’histoire des constructions des « luttes » contre les maladies dites sociales.
Ancien responsable du Pôle d’Excellence Régionale pour l’Université de Yaoundé I (2007-2010) sur « Statuts et représentations du captif et de l’esclave : Afrique, Caraïbes et Europe (XVIe-XXIe siècles) », il est membre du Centre Africain de Recherches sur les Traites et les Esclavages (Carte) basé à Dakar (Sénégal) et de l’Association des Anneaux de la Mémoire de Nantes (France).
Depuis 2007, Alioum Idrissou est également personne ressource du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (Codesria) basé à Dakar.